lumière s’y éteigne, que l’animal meure suffoqué. Alors c’est l’air méphitique le plus destructeur ; mais, entre ce point extrême & celui où l’air est salubre, il y a un grand nombre de nuances, & ces nuances deviennent plus ou moins dangereuses, suivant que l’air du lieu est plus ou moins chargé d’air fixe. Il faut se rappeller, 1°. que l’air atmosphérique que nous respirons, contient tout au plus un tiers de son poids d’air pur, ou air appellé déphlogistiqué. 2°. que l’air fixe est plus pesant que l’air atmosphérique, & par conséquent, qu’il règne & augmente toujours dans la partie inférieure de l’appartement, de l’écurie, &c. que dans un lieu infecté, c’est l’air que nous respirons, puisque l’air atmosphérique est plus léger, & occupe la région supérieure de la chambre. Ainsi, l’air d’une bergerie, d’une écurie, remplies d’animaux, ou celui d’une chambre où les enfans, où les hommes sont entassés, devient insensiblement méphitique, & à la longue il devient mortel ; parce que l’air atmosphérique de ces lieux s’approprie l’air fixe qui sort des corps par la transpiration, & qui est encore vicié de nouveau dans les poumons, par l’inspiration & par la respiration. Si on veut une preuve bien palpable de cette corruption de l’air, il suffit de prendre une bouteille, d’y descendre un morceau de bougie allumée, & de bien boucher cette bouteille. Tant que la flamme trouvera d’air pur à s’approprier, cette flamme subsistera ; mais, lorsque la masse des deux tiers d’air méphitique, qui étoient renfermés dans l’air atmosphérique de cette bouteille, sera encore augmentée par l’air fixe qui s’échappe de la flamme, cet air deviendra mortel, & la flamme s’éteindra. Si après cela, on plonge dans l’air de cette bouteille un animal quelconque, il périra en peu de minutes ; si on y plonge un second, un troisième, &c. ce dernier mourra en moins de temps que le premier & le second, & ainsi de suite ; parce que sa transpiration a augmenté la masse de l’air mortel.
Dans un semblable vase, rempli d’air mortel, jetons de semblables animaux, & bouchons le vase. Leur inspiration absorbera peu-à-peu la portion d’air déphlogistiqué, & leur transpiration augmentera la masse de l’air méphitique ; enfin, ils mourront. Si on ajoute de nouveaux animaux, leur mort sera plus prompte, &c.
Appliquons ces extrêmes à l’air atmosphérique de nos appartemens, des bergeries, des écuries, &c. &c. Moins l’air s’y renouvellera, & plus il y sera contagieux ; la contagion augmentera en raison du nombre des individus, & de la position des fenêtres qui établissent la communication de l’air extérieur avec l’air du dedans. Les fenêtres, ou plutôt les larmiers des bergeries, (Voyez ce mot), sont toujours placés à cinq ou six pieds de l’animal : il est donc forcé de respirer l’air le plus pesant, & par conséquent l’air le plus mal sain ; au lieu que si le larmier avoit été placé près du sol, l’air pesant se seroit échappé au dehors ; sauf à boucher ces larmiers dans le besoin. D’après cet exemple, chacun peut en faire l’application à l’appartement qu’il occupe, & en conclure combien il est indispensable d’en renouveller l’air atmosphérique, afin qu’entraîné par le courant, il dissolve & se charge de l’air méphitique, pour le transporter