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Dans les années hâtives, on ramasse déjà des châtaignes. (Voyez ce mot & la manière de les conserver.)

On gardera les pépins des poires & des pommes, mettant à part ceux de doucin & de paradis, pour former des pépinières en novembre ou en mars. Le moyen de se pourvoir d’une quantité suffisante de pépins de poires ou de pommes, c’est de ramasser, quand il est sec, le marc de ces fruits qui ont été sur le pressoir, on les frotte entre les mains & on les crible ; ceux même des fruits pourris sont aussi bons que d’autres. On étend ces pépins sur le plancher d’un grenier, où ils restent jusqu’à ce qu’on les seme, ou bien, lorsqu’ils sont secs, on les conserve à l’abri des souris dans des sacs suspendus au plancher.

Il faut se transporter, à la fin de septembre, dans les pépinières, pour choisir les arbres qu’on veut planter ; on les frappe au pied d’un petit coup de marteau, pour y laisser l’empreinte de deux lettres, afin de les reconnoître, & de les lever ensuite quand la feuille sera tombée : les arbres en valent mieux de ne pas être arrachés plutôt, ce qu’on n’observe point assez. Si on attend plus tard à marquer ses arbres, on court risque de trouver les plus beaux enlevés, & de n’avoir que le rebut.

On plante les marcottes des grenadiers qu’on a faites en avril.

Octobre.

Il est encore temps de donner le dernier ratissage aux allées, si on ne l’a déjà fait, & une petite façon à tout le jardin, afin qu’il reste propre pendant tout l’hiver.

Dans les plans de bois & les pépinières qui sont dans des fonds humides, où il a cru beaucoup d’herbes, il faut ramasser les terres en buttes & par chaînes, pour faire pourrir les herbes retournées pendant l’hiver ; ces terres s’égouttent & se mûrissent ainsi : on les répand au printemps, & c’est la meilleure façon qu’on puisse leur donner.

On cueille tous les raisins, tant chasselas que muscats & autres, par un beau temps, pour les conserver dans des armoires ou sur des claies, à l’abri des gelées & de toute impression de l’air.[1]

Il n’y a plus de pêche en octobre que la persique & la pavie, qui mûrissent rarement. La pavie sur tout ne mûrit guères que dans les pays les plus chauds, comme en Provence, où la grande ardeur du soleil, qui est contraire dans ce pays aux pêches tendres, n’a que la force nécessaire pour attendrit la pavie, & lui donner la qualité qu’elle n’acquiert jamais ici.[2]

  1. Dans les provinces du midi, cette cueillette demande à être faite du 10 au 20 septembre pour le plus tard.
  2. Le succès de la pavie n’est pas réservé aux seules provinces qui avoisinent la Méditerranée ; ce fruit mûrit très-bien dans l’Agenois, la Guyenne, le Dauphiné, le Lyonnois, & dans plusieurs de nos provinces du centre du royaume. Si, dans ces climats chauds, on a la facilité d’arroser les pieds d’arbres, les pêches tendres y sont très-bonnes, & infiniment plus parfumées que dans les environs de Paris.