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quand on ne peut les coucher en dessous ; on ne craint pas qu’elles repoussent de nouveaux bourgeons.

On continue de greffer en écusson jusqu’au 15 septembre.

Il faut découvrir de quelques feuilles les raisins des treilles, quinze jours seulement avant leur maturité, & avec précaution, ne découvrant d’abord que ceux qui se trouvent étouffés sous un trop épais feuillage, à qui l’on peut procurer plus d’air, sans les découvrir encore tout-à-fait, car le raisin sur-tout ne mûrit pas lorsqu’il est trop tôt dépouillé de ses feuilles ; quand il est découvert à propos, le chasselas prend cette belle couleur ambrée qu’on estime.

On découvre aussi de la même manière la poire de bon chrétien d’hiver & la pomme d’api, si on ne l’a pas fait plutôt, afin de leur faire prendre un rouge vif qui en relève la beauté.

On donne la quatrième façon ou ratissage aux allées, au moyen de quoi elles resteront propres pendant tout l’hiver.

Les arbres qu’on plantera en novembre, & même au printemps, en viendront mieux si on fait les trous dans ce moment ; les impressions de l’air en préparent la terre.

On continue de serfouir ou labourer légèrement les orangers, mais ils ne seront plus arrosés qu’une fois par semaine jusqu’au commencement d’octobre, huit jours avant de les rentrer dans la serre, ainsi que les figuiers en caisse & en pots.

On tond les buis pour la seconde fois.

On greffe le pêcher sur le jeune amandier vers la mi-septembre. Quelques jardiniers ne taillent leurs orangers qu’en septembre, quand la sève est arrêtée, pour avoir plus de fleurs ; mais ils font tort à leurs arbres, & confondent l’ébourgeonnement avec la taille, car c’est le temps de les ébourgeonner en août & septembre, après la fleur. On a dû les tailler en mai. On laisse échapper quelques menues branches pour avoir de la fleur en hiver.

On achève de découvrir les chasselas de toutes leurs feuilles ; il n’y a plus de risques à présent, le raisin est clair & dans toute sa grosseur ; il n’a plus qu’à prendre couleur, c’est-à-dire, à devenir blond & doré en mûrissant, ce qui est la perfection du chasselas. On laisse en place jusqu’en octobre celui qu’on veut conserver pour l’hiver.

C’est le temps de gauler les noix ; on les met en monceau dans un lieu sec & aéré, où elles achèvent de s’écaler. On laisse sécher les noix dépouillées de leur robe à l’ombre dans le grenier ; elles se conserveront sèches pendant tout l’hiver, mais on aura soin de mettre dans le sable, à la cave, celles qu’on destinera pour planter en pépinière au printemps.

Pour cueillir tous les fruits en général, il faut choisir un temps sec, afin qu’ils se conservent mieux ; observer de ne pas rompre leur queue, de les peu toucher, & de les porter doucement sans les heurter & les meurtrir. On a pour cette cueillette de grandes corbeilles plates à deux anses, que deux hommes portent ; on en garnit le fond & les côtés avec des feuilles de vigne, on pose dessus un seul rang de fruit, jamais deux l’un sur l’autre, & sur-tout des pêches, plus sujettes à se meurtrir que d’autres.