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MELON. Tournefort le place dans la septième section de la première classe des fleurs d’une seule pièce en cloche, dont le calice devient un fruit charnu, & il l’appelle melo vulgaris. Von Linné le réunit au genre des concombres ; il le nomme cucumis melo, & le classe dans la monoécie singénésie.

Fleur. Jaune, en forme de cloche évasée, découpée en cinq parties terminées en pointe ; les fleurs mâles & femelles séparées, mais sur le même pied. Un simple coup-d’œil sur l’intérieur de l’une ou de l’autre les fera distinguer ; la forme des fleurs femelles est plus en soucoupe, & celle des mâles plus en entonnoir. Les pistils des premières débordent & surmontent la base de la soucoupe ; les étamines des secondes, nichées dans le fond de leur entonnoir. Au-dessous de la base de la soucoupe, on voit un renflement qui est le fruit, & tient lieu de calice : au contraire, l’extrémité inférieure de l’entonnoir porte un calice d’une seule pièce, & ordinairement à cinq dentelures aiguës. À ces signes, il est impossible de se tromper.

Fruit. Renflé, à surface ou unie, ou raboteuse, ou à côtes, suivant les espèces jardinières, (voyez ce mot) de couleur blanche, verte ou jaune, divisé en trois loges, renfermant des semences presque ovales & aplaties, disposées dans la pulpe du fruit sur un double rang.

Feuilles. Anguleuses, arrondies, douces au toucher, plus petites que celles des concombres, & beaucoup plus que celles des courges.

Racine. Branchue, fibreuse.

Port. Tiges longues, rampantes, sarmenteuses, dures au toucher. Les fleurs naissent des aisselles des feuilles : les premières qui paroissent sont des fleurs mâles, & en quantité. La nature produiroit en vain des fleurs femelles les premières, puisqu’il n’y auroit point de fleurs mâles pour les féconder, & la nature ménage les secours qu’elle donne.

Lieu. Nos jardins. On ignore son pays natal ; mais il est constant qu’il doit venir des pays chauds, puisque la moindre gelée le fait périr ; & son fruit exige beaucoup de chaleur pour acquérir une bonne maturité.

Propriétés. La chair est aqueuse, mucilagineuse, d’une saveur agréable, sucrée, quelquefois musquée ; la semence douce, huileuse, savonneuse ; l’une des quatre semences froides majeures. Le fruit nourrit peu, se digère lentement, donne quelquefois des coliques.

Usage. La semence est employée comme celle des courges, & dans les mêmes cas.


Section Première.

Des espèces jardinières de Melons.


Je suis très-persuadé que nous ne connoissons plus l’espèce première, le type unique de toutes les espèces jardinières que nous cultivons. Le changement de climat, la culture, & sur-tout des espèces jardinières plantées les unes près des autres, ou confondues ensemble, multiplient les variétés à l’infini. Les fleurs mâles sont, comme nous l’avons dit, séparées des fleurs femelles, quoique sur le même pied. La poussière fécond ante des étamines, (Voyez ce mot) doit donc, par le mouvement élastique qui fait ouvrir les capsules qui la renferment, être portée