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haies auront six pieds de haut, creusez une rigole au milieu de leur intervalle, que vous remplirez de bonne terre légère, mêlée de sable fin. Semez par-dessus, & recouvrez les graines d’un demi pouce de terre, encore plus légère, mêlée de terreau. Si l’été est un peu humide, ce semis lèvera à merveille, & vous vous bornerez à le nétoyer avec soin des mauvaises herbes. Vous ôterez successivement, les années suivantes, les petits arbres surabondans. Lorsqu’ils pourront se passer d’ombre, vous arracherez les marsauts. Le produit de leur coupe payera vos frais, & vous aurez un bois de mélèse.

Autre méthode. C’est toujours l’auteur qui parle. Je suppose des landes, des broussailles, un terrein en herbe, ou une côte rase, il n’importe. Vous aurez des caisses de bois, ou des panniers d’osier brun, sans fond, d’un pied en quarré, vous les planterez à quatre pieds, en tout sens, les uns des autres ; vous les remplirez d’un mélange de terre convenable, & y sèmerez une bonne pincée de graine de mélèse. Il vous sera facile d’ombrager les panniers avec deux cerceaux croisés, sur lesquels vous mettrez des roseaux, ou telle autre couverture légère qui sera le plus à votre portée. Par les temps secs, il sera possible, dans le voisinage des eaux, d’arroser ces panniers, autour desquels vous tiendrez, net d’herbes, un cercle d’un pied de rayon, à prendre des bords vous en userez dans la suite comme il a été dit dans la méthode première.

Les mélèses qui viendront en bois, étant d’abord fort, rapprochés les uns des autres, n’auront pas du tout besoin d’être étayés ; la privation du courant d’air fera périr, dans la suite, leurs branches latérales. À l’égard de ceux plantés à de grandes distances, voici comment il faudra s’y prendre pour former un tronc nud. Vous les laisserez durant trois à quatre années après la plantation, se livrer à tout le luxe de la croissance ; les branches latérales inférieures, en arrêtant la sève vers le pied, le fortifieront singulièrement ; ensuite, au mois d’octobre, tandis que la sève ralentie, ne laissera exuder de térébenthine que ce qu’il en faudra pour garantir les blessures de l’action de la gelée, vous couperez, près de l’écorce, l’étage des branches les plus inférieures, & vous vous contenterez, à l’égard de celui qui est immédiatement au-dessus, de le retrancher jusqu’à quatre ou cinq pouces du corps de l’arbre. Ces chicots végéteront foiblement, tandis que les plaies d’en-bas se refermeront ; l’automne suivant vous les couperez près de l’écorce, & formerez de nouveaux chicots au-dessus ; vous continuerez ainsi, d’année en année, jusqu’à ce que votre arbre ait six pieds de tige nue, alors vous la laisserez trois ou quatre ans dans cette proportion. Ce temps révolu, vous pouvez continuer d’élaguer jusqu’à ce que votre arbre ait la figure que vous voulez lui donner.

Nous avons multiplié, continue l’auteur, les mélèses par les marcottes, particulièrement le mélèse noir d’Amérique. Nous avons couché des branches en juillet, en faisant une coche à la partie inférieure de la courbure ; ces marcottes, bien soignées, se sont trouvées très-enracinées à la troisième automne. Un de mes voisins a planté, ce printemps, des cônes de mélèse,