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herbes qui nuisent à leurs vignes & ceux qui ont des châtaigneraies ou des vergers, après avoir détruit aussi les mauvaises herbes pendant la jeunesse de leurs arbres, ont fait depuis de ces vergers un pâturage où les vaches sont continuellement, & les animaux détruisent le jeune plant en le piétinant.

Il est donc bien prouvé, & ce point est important, que les mélèses végètent très-bien dans des régions au-dessous de celles des sapins, qu’ils croissent à-peu-près dans toutes sortes de fonds ; mais il s’agit de prouver encore par des faits, que le succès couronne sa culture.

Dans un bailliage du pays de Vaud, pays très-éloigné des mélèses, M. Engel a fait planter, il y a quelques années, un fort grand terrein en mélèses, par ordre & pour le compte de la république de Berne, & cette opération a singulièrement bien réussi.

À Basle, dans le jardin du Marg-Grave de Baden-Dourlat, on en voit de fort beaux, également plantés à main d’homme.

Enfin M. Duhamel, si connu par son zèle patriotique, & si digne des regrets de tous les bons citoyens, a été le premier françois qui ait cultivé le mélèse ; non-seulement cet arbre a réussi dans la terre de Vrigny, mais il s’y reproduit aujourd’hui de lui-même par sa propre graine. Il n’est pas douteux que les bois de Vrigny, limitrophes de la forêt d’Orléans, ne peuplent peu-à-peu cette dernière, si le bétail ne piétine pas les jeunes pieds, & si on respecte le jeune plant lorsque l’on coupera les taillis. Enfin on a commencé à s’occuper de la culture du mélèse dans la haute Alsace ; il ne reste donc plus de doute sur la possibilité de cultiver cet arbre dans les autres parties montueuses du royaume, & mêmes dans les plaines des provinces tempérées.


Section II.

Quelle est la manière de multiplier le mélèse ?


Je n’ai jamais été dans le cas de cultiver le mélèse ; je vais emprunter cet article de M. le Baron de Tschoudi.

Quoique les cônes du mélèse, attachés à l’arbre, ouvrent d’eux-mêmes leurs écailles vers la fin de mars par l’action réitérée des rayons du soleil, cependant je n’ai pu parvenir, dit l’Auteur, à les faire ouvrir dans un four médiocrement échauffé ; on est contraint de lever les écailles les unes après les autres avec la lame d’un couteau, pour en tirer la graine, à moins que, déjà pourvu de mélèses fertiles, on n’attende, pour la semer, le moment où elle est près de s’échapper de ses entraves, moment qui, indiqué par la nature, doit être sans doute le plus propre à leur prompte & sûre germination. Il est plusieurs méthodes de faire ces semis de mélèses, qui sont adaptées au but qu’on se propose… Ne voulez-vous élever de ces arbres qu’en petit nombre, & dans la vue seulement d’en garnir des bosquets, d’en former des allées ? semez dans de petites caisses de sept pouces de profondeur, remplissez ces caisses de bonne terre fraîche & onctueuse, mêlée de sable & de terreau ; unissez bien la superficie, répandez ensuite des grains assez épais, couvrez-les de moins d’un demi-pouce de sable fin, mêlé de terreau tamisé, de bois pourri & devenu terre ; serrez ensuite