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sève a passé par un plus grand nombre de filières mamelonnées aux articulations.

Rien de plus intéressant que les travaux de la maturité. Le fruit, après avoir noué, a une saveur âpre, austère, acide : peu à peu l’âpreté disparoît, & l’acide domine ; il prépare le développement de la substance sucrée. À mesure que celle-ci se forme, la partie aromatique se développe, & enfin le fruit se colore sous l’admirable pinceau de la nature. Le point le plus long-temps exposé au soleil est celui qui change le premier : peu à peu la couleur s’étend, & gagne tout le fruit de l’arbre à plein vent ; car celui des espaliers appliqués contre des murs, reste souvent verd, ou presque verd du côté exposé à l’ombre. Dans cet état, c’est un fruit forcé, dont la saveur & l’odeur sont toujours médiocres. Le premier point mûr est celui qui pourrit le premier, si rien ne dérange l’ordre de la nature. C’est donc par une fermentation intestine, excitée par la chaleur & par la lumière du soleil, que la substance sucrée & aromatique se développe, & que sa pulpe, & la pellicule qui la recouvre, changent de couleur.

On connoît la maturité d’un fruit, lorsque, pressé doucement près de son pédicule, il obéit sous le doigt. La couleur indique ce changement mais les fruits d’hiver n’ont en général qu’une seule couleur dominante, & par-tout égale, parce qu’ils n’ont pu recevoir sur l’arbre leur point de maturité, & dans le moment de cette métamorphose ils ne sont pas colorés par les rayons du soleil. La maturité développe l’intensité de couleur ; mais l’api, par exemple, qui aura resté sur l’arbre, recouverte par des feuilles, ne prendra qu’une simple couleur jaune dans le fruitier, & ne sera jamais décorée de ce beau vermillon qui flatte si agréablement la vue. La lumière seule du soleil donne le fard aux fruits & aux légumes.


MAUVE. Tournefort la place dans la quatrième section de la première classe des herbes à fleur en cloche, à filets des étamines réunis par leur base. Il l’appelle malva vulgaris, flore majore, folio sinuato. Von Linné la nomme malva silvestris, & la classe dans la monadelphie polyandrie.

Fleur. D’une seule pièce en cloche, évasée, partagée jusqu’en bas en cinq parties en forme de cœur ; le calice double : les étamines tiennent le pistil comme dans une gaîne.

Fruit. Plusieurs capsules presque rondes, réunies par articulation, semblables à un bouton enveloppé du calice extérieur de la fleur, renfermant des graines en forme de rein ; les capsules membraneuses, placées autour du même axe sur un plan horizontal, les unes à côté des autres.

Feuilles. Arrondies, velues, découpées par leurs bords en lobes obtus, portées par de longs pétioles velus.

Racine. Simple, blanche, peu fibreuse, pivotante.

Port. De la racine s’élèvent plusieurs tiges de trois à quatre pieds de hauteur dans les provinces du midi, & dont la hauteur diminue à mesure qu’on approche du nord. Elles sont cylindriques, velues, remplies de moelle. Les feuilles d’en-bas sont moins crénelées que celles du haut ; les fleurs naissent des aisselles des