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des extrémités les plus hautes des arbres stériles, poiriers, pommiers ou pruniers nains, qu’on veut laisser aller sans les tailler, pour les faire mettre à fruit ; ils repousseront de nouveaux bourgeons de tous les yeux restans, qui auront encore le temps de s’aoûter, c’est-à-dire de prendre de la consistance & de la maturité, par la chaleur du mois d’août.

Il faut évider les groseillers en entonnoir, en les ébourgeonnant au dedans & au dehors, & pincer toutes les pointes à une égale hauteur, quand les groseilles sont tout-à-fait rouges, tant pour faire grossir & achever de mûrir le fruit, en le débarrassant de tous les bourgeons, & lui procurant la vue du soleil, que pour cueillir plus facilement, & en éloigner les moineaux qui se cachent dans l’épais feuillage, & détruire en même temps les pucerons & les fourmis qui s’y logent. Ces arbrisseaux étant ainsi ébourgeonnés en ont meilleure grâce, & les longs rameaux de ceux qu’on a élevés sur tiges, seroient, faute de cette opération, cassés par le vent, ce qui dérangeroit tout-à fait la forme de leur tête.

C’est aussi dans le solstice, où il se fait un nouvel épanchement de la sève, qu’il faut prendre garde au flux de gomme qui en provient : il ne paroît d’abord qu’une petite tache à la branche attaquée ; mais bientôt si vous ne la coupez deux doigts au dessous du mal, il gagne promptement, & fait mourir toute la branche.

Les insectes qui ont attaqué les arbres au printemps, se renouvellent & prennent de nouvelles forces dans ce temps-ci, ainsi que dans la canicule. Ces insectes sont les punaises, les pucerons, les chenilles.

Le blanc, la rouille, la chute des feuilles sont aussi des accidens du temps, qui disparoissent l’année suivante ; mais les chancres, les ulcères & les excroissances, qui viennent de la même cause, restent ordinairement pour toujours.

Juillet.

On continue dans ce mois d’arroser les jeunes arbres, & on donne le troisième ratissage aux allées.

Les mêmes soins aux orangers qu’en juin ; ils sont en pleine fleur.

On continue d’ébourgeonner les pêchers.

On découvre l’abricot hâtif de quelques feuilles au commencement de juillet, & le gros abricot quinze jours après, lorsqu’ils commencent à jaunir & à s’éclaircir,[1] l’abricot d’espalier étant sujet à rester vert du côté de la queue, qui est presque toujours serrée contre le mur ou contre le treillage. La Quintinie, afin d’y rémédier, de les faire mûrir plus parfaitement, & de leur donner plus de qualité, détachoit les branches de l’abricotier, les tiroit en avant, & les fixoit à certaine distance du mur, en les attachant à un pieu. J’ai pratiqué la même opération, en éloignant les branches du mur, au moyen de quelques petites fourches

  1. Il ne faut jamais perdre de vue que ces époques sont relatives au climat dans lequel l’auteur écrit ; elles doivent être devancées, je le répète, à mesure qu’on approche du midi, soit par la chaleur que procurent les abris, soit en effet par l’éloignement du nord.