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en ont besoin ; on n’abat point les feuilles entières avec leur talon ou pédicule, ce qui nuiroit à la branche & au fruit, qui ne prendroit pas autant de nourriture ; on les casse adroitement dans le milieu, en les serrant entre deux doigts, & les tirant prestement en tournant. On ne fait cette opération qu’après quelque petite pluie, & jamais dans la sécheresse & la grande ardeur du soleil, qui frapperoit les fruits trop vivement. La tache blanche & large qu’on apperçoit sur des fruits découverts naturellement, ou qu’on a découvert mal-à-propos, vient d’un coup de soleil, dont les pêches, qui en sont couronnées, comme on dit, ne profitent plus, & se gâtent. On attend, pour découvrir les abricots & les pêches hâtives que ces fruits commencent à tourner ou prendre de la disposition à mûrir ; on les découvre peu-à-peu, à mesure qu’ils avancent en maturité ; mais la pêche de Magdelène, particulièrement entre les hâtives, & toutes les pêches tardives, s’effeuillent toutes vertes, & ne craignent pas le soleil, parce qu’elles sont plus dures ; la première en aura plus de couleur, & les dernières mûriront plutôt.

On acheve d’ébourgeonner la vigne, & on donne à la fin de juin le troisième & dernier palissage des treilles ; on pince, on casse, à l’endroit de quelque nœud, le bout des branches, pour les arrêter, & on devance de huit jours cette opération dans les climats un peu plus chauds que celui de Paris.

Il faut se disposer à la Saint-Jean à arroser tous les jeunes arbres nouvellement plantés, si on veut assurer leur réussite ; vous faites au pied de vos arbres un petit bassin d’un pied de diamètre, en ramenant de la terre circulairement, & non pas en creusant au pied de l’arbre, comme le font mal-adroitement les jardiniers ignorans, qui découvrent ainsi les racines qui restent couvertes de trop peu de terre, & s’éventent quand la terre, après les arrosemens, se fend par l’ardeur du soleil. Vous couvrirez le bassin, après avoir arrosé avec de la litière ou du crottin de cheval, ou du terreau, ou d’une planche, & au défaut de tout, avec de la terre sèche & émiettée,[1] afin d’y conserver la fraîcheur, & d’empêcher la terre de se fendre. Vous continuerez de les arroser jusqu’à la fin d’août.

Vous pincerez à sept ou huit pouces, & même à un pied, le maître jet des greffes en fente, quand il se trouve encore seul, & qu’il s’allonge trop, afin de le tenir bas, & de lui faire pousser des bourgeons qui deviendront de bonnes branches que vous taillerez l’année suivante, afin de les avancer & de les faire mettre à fruit ; mais on ne parle que des greffes des arbres qui sont en place, & non de celles des pépinières & autres arbres à replanter, auxquels on coupe la tête en les transplantant ; il n’y faut point toucher.

C’est le temps, vers la fin de juin, de couper à moitié de leur longueur tous les bourgeons ou nouveaux jets

  1. La bâle du bled, de l’avoine, &c. est, à mon avis, ce qu’il y a de mieux, de l’épaisseur de deux à trois pouces.