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fois ou deux dans l’année, ce monceau est arrosé suivant le besoin, après l’avoir retourné, afin que les parties qui auparavant étoient intérieures, deviennent extérieures, & pour que le tout soit bien mélangé. Si ces terres restent amoncelées plusieurs années de suite, si chaque année on les retourne deux à trois fois, on obtiendra le meilleur, le plus durable & le plus actif de tous les engrais, surtout si à cette terre on a ajouté une certaine quantité de fumier ; on aura opéré par l’art & en peu de temps ce que la nature ne produit qu’à la longue. Enfin, toutes les fois qu’on trouvera une terre quelconque qui se délite à l’air, qu’elle que soit sa couleur, qui se dissout dans l’eau, qui fait effervescence avec les acides, & dont le bouillonnement dégage beaucoup d’air fixe, on aura une véritable marne. Ce que j’ai dit au mot Chaux (article à consulter par son analogie avec celui-ci) s’applique à la marne, & me dispense d’entrer dans de plus grands détails ; j’ajouterai seulement que dans toutes autres circonstances, les labours trop multipliés concourent au prompt dépérissement des terres ; il en est tout autrement lorsque l’on marne ou lorsque l’on chaule, puisque c’est de la combinaison & du mélange de ces substances avec les molécules du sol du champ, que dépend la plus ou moins prompte bonification, sur-tout si, entre chaque labour, le champ a été imbibé de l’eau des pluies. Dans les provinces du midi, & sur-tout dans ceux de leurs cantons qui approchent de la mer, la prudence ne permet pas de marner sans de grandes précautions, parce que c’est ajouter un sel à une terre qui est déjà imprégnée de celui de la mer, que les vents & les pluies y déposent. (Voyez l’expérience citée au mot Arrosement)


MARRON, MARRONNIER. (Voyez Chataignier)


Marronnier D’inde. Tournefort le place dans la première section de la vingt-unième classe destinée aux arbres à fleurs en rose, dont le pistil devient un fruit à une seule loge, & il l’appelle hippocastanum vulgare. Von Linné le nomme asculus hippocastanum, & le classe dans l’heptandrie monogynie.

Fleur. En rose, à cinq pétales obronds, plissés à leurs bords, ouverts, inégalement colorés. Le calice est ovale avec cinq divisions ; les étamines au nombre de sept, & un pistil.

Fruit. Capsule coriacée, obronde, armée de piquans, à trois loges & à trois battans, contenant ordinairement une ou deux semences, assez semblables à la châtaigne, recouvertes comme elle d’une écorce dure, brune, & nommées Marrons d’Inde.

Feuilles. Portées sur une longue queue, composée de cinq ou de sept grandes folioles qui partent d’un pétiole commun : elles sont entières, ovales, pointues, dentées à leurs bords en manière de scie, sillonnées en-dessus, nerveuses en-dessous.

Port. Grand arbre rameux, dont la tige est droite, la tête belle, le bois tendre de filandreux ; les fleurs blanches, fouettées de rouge, & quelquefois de jaune, disposées au haut des tiges en grappes pyramidales.

Lieu. Originaire des Grandes-Indes. C’est en 1550 environ, qu’on l’apporta des parties septentrionales