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encore mieux les supprimer, afin de laisser aux marcottes plus de nourriture, &c. &c.

Si on est dans l’intention de se procurer, du tronc du gros arbre coupé, un grand nombre de marcottes, & si on les destine à être ensuite plantées où le besoin l’exige, on doit recouvrir le pied du tronc coupé d’un à deux pouces de terre, afin que de ce même pied il sorte de nouvelles tiges. Cette légère couche de terre sert seulement à garantir la plaie, ou la partie coupée, des impressions de l’air, & à favoriser la naissance du bourrelet ou végétation de l’écorce ; car le bois ne végétera plus. Lorsque l’on s’aperçoit que les premières marcottes sont bien enracinées, on ouvre de nouveau les fosses, en observant de bien ménager les racines des marcottes ; on les enlève de terre, & on fait de nouvelles couchées avec les tiges qui s’élancent des bords du tronc. Ainsi le même pied d’arbre peut successivement produire un grand & très-grand nombre de marcottes. Il est aisé de concevoir combien les marcottes faites avant l’hiver, ont d’avantages sur celles pratiquées après cette saison, sur-tout dans les provinces du midi, parce que dans le premier cas les pluies ont eu le temps de pénétrer jusqu’au fond des fosses, d’y former un réservoir d’humidité, de bien tasser la terre ; enfin, au retour de la chaleur, les marcottes végétent avec beaucoup plus de force. Si on a la facilité de les arroser une ou deux fois, pendant les grosses chaleurs de l’été, on est assuré d’avoir, en peu d’années, de beaux arbres, ou après la première ou seconde année, un bon nombre de plans parfaitement enracinés.

Dans toutes les opérations de la campagne, il y a presque toujours deux défauts essentiels, une économie mal entendue de temps & d’argent. Pour avoir plutôt fait, on se contente de faire des fosses de six à huit pouces de profondeur, & d’y coucher les branches. Si ces tiges doivent y rester à demeure, elles pousseront des racines latérales, qui resteront presque toutes en superficie ; s’il survient une sécheresse, ces racines sont presque inutiles à la branche couchée, tandis que dans une bonne fosse, les racines nouvelles bravent la sécheresse, s’enfoncent plus avant dans le sol, & y trouvent une nourriture que la superficie leur refuse.

Je n’entre pas dans de plus grands détails sur cet article, parce que la section suivante lui sert de supplément.


Section II.

Des marcottes des amateurs.


Toute espèce d’arbre & de plantes à tiges vivaces, peuvent en général être marcottés ; mais plusieurs poussent plus facilement des racines que d’autres : tels sont les arbres dont les boutons percent plus aisément l’écorce, & dans ce cas, ces boutons qui auroient fait des branches à bois ou du fruit, s’ils fussent restés exposés à l’air, se convertissent en racines lorsqu’ils sont enfouis dans la terre. Il a déjà été dit dans le cours de cet ouvrage, que M. Hales, & plusieurs autres avant ou après lui, ont renversé des arbres, que leurs branches ont été enterrées, & que la partie de leurs racines ont formé le sommet ; que ces arbres ont parfaitement réuni malgré la transposition de