plantation nouvelle. Si sur le local vide il existe quelques pieds d’arbres assez forts, s’il en existe également dans sa circonférence, les marcottes seules suffiront pour le replacement.
On tenteroit vainement de regarnir les clairières par des plantations. Les arbres qu’on y placera réussiront pendant deux ou trois ans ; mais comme les racines des arbres voisins profitent des espaces vides pour s’étendre, elles occupent bientôt le sol de la clarière, & peu-à-peu attirées par la terre fraîchement fouillée, elles s’emparent avec force, affament & absorbent la nourriture des foibles racines des arbres nouvellement plantés, & le jeune arbre périr. Il n’en est pas ainsi lorsque l’on repeuple par les marcottes. Elles disputent le terrein aux racines parasites, parce qu’elles reçoivent de la mère, ou tronc, la nourriture pendant tout le temps qu’elles en ont besoin ; & dans cet intervalle leurs nouvelles racines acquièrent une force proportionnée à celle du tronc & à leur étendue.
Si dans l’espace à regarnir il existe quelques pieds d’arbres, à moins qu’ils ne soient trop vieux & trop décrépits, il convient de les couper au niveau du sol, & de charger de terre, à la hauteur d’un à deux pouces, la partie du tronc qui reste en terre, afin que l’endroit coupé de l’écorce, n’étant point exposé à l’air, la cicatrice ou bourrelet soit plutôt formé. Dans les provinces du nord, cette opération doit être faite aussitôt qu’on ne craint plus les grosses gelées ; & dans celles du midi, dans le courant de novembre, lorsque les arbres sont dépouillés de leurs feuilles. La raison de cette différence est prise en ce que dans le premier cas, les pluies habituelles & la rigueur du froid sont capables d’endommager la partie du tronc qui reste en terre ; tandis que dans le second, les racines des arbres travaillent pendant presque tout l’hiver ; que la cicatrice de l’écorce est formée au premier printemps, & qu’il est essentiel de faire profiter les nouvelles pousses de la plus grande force de la sève, afin de les mettre à même de ne pas craindre l’effet des grandes chaleurs ; si on ne craint pas l’effet des eaux stagnantes, il vaudroit encore mieux couper le tronc à quelques pouces au-dessus de la superficie du sol, parce qu’on aura dans la suite plus de facilité pour marcotter les branches.
Dans l’un comme dans l’autre climat, on ne doit couper aucun bourgeon, & on doit laisser le tronc pousser autant de rameaux qu’il voudra. Lorsque les feuilles sont tombées, & aux époques qui ont été indiquées, c’est le cas d’éclaircir, de supprimer les tiges surnuméraires, & de n’en laisser que la quantité convenable : cependant on peut en conserver quelques-unes de plus, afin de remplacer celles qui travailleront mal à la seconde année, ou qui périront.
Si, après la seconde année, la totalité des branches est assez forte pour être marcottée, on ouvrira des fossés proportionnés à leur longueur, sur une profondeur de douze à dix-huit pouces, & maniant doucement ces branches de peur de les faire éclatter près du tronc, on les couchera dans la fosse que l’on remplira de terre, en commençant près du tronc, afin d’empêcher leur redressement, & les maintenir dans la direction qu’on leur destine. Près de l’autre extrémité de la fosse, ou courbera doucement la mar-