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œufs, selon le P. Sicard, & sept mille, selon Vesling, dans la chambre inférieure F ; on les met sur de la paille ou sur des nates : mais on a l’attention de laisser une place vide au-dessous de l’ouverture T du plancher de la chambre supérieure G, afin qu’un homme puisse entrer, quand il en est besoin, dans la chambre inférieure, par cette ouverture.

2°. Cet arrangement fait, on allume du feu dans les rigoles R R, r r (fig. 1, 2) de la chambre supérieure. Pendant qu’il brûle, on bouche avec des tampons de paille ou d’étoupes le trou F, aussi bien que celui 1 de la voûte de la chambre supérieure G ; mais on laisse ouvert le trou latéral g, faisant l’entrée de cette même chambre. C’est par ce trou que la fumée passe & se décharge dans la galerie D D, où elle enfile les trous H H de sa voûte, qu’on tient aussi ouverts dans le temps qu’on fait du feu.,

La matière qu’on brûle dans les rigoles est de la bouze de vache & de la fiente, soit de chameau, soit de cheval, mêlée avec de la paille ; on en forme des espèces de mottes qu’on fait sécher au soleil : c’est le chauffage ordinaire du pays.

La chaleur de la chambre supérieure reflue dans l’inférieure où sont les œufs, par le trou T, qui fait la communication des deux chambres.

Cette chaleur seroit trop forte, par rapport au climat de l’Egypte, si on entretenoit continuellement du feu dans les rigoles ; on n’en allume que pendant deux, trois ou quatre heures par jour, en différens temps, selon la saison, & même vers le huitième ou le dixième jour de la couvée, on cesse absolument d’en faire, parce qu’à cette époque la masse entière du mamal a acquis un degré de chaleur convenable, & qu’il est possible de le lui conserver pendant plusieurs jours sans une diminution trop sensible, en donnant au mamal moins de communication avec l’air extérieur. Pour cet effet, on bouche habituellement toutes les ouvertures de la galerie & des chambres on ne ferme cependant qu’à demi les ouvertures l l des voûtes des chambres supérieures, afin d’y ménager une petite circulation d’air.

3°. La conduite du feu est sans doute le principal objet de l’industrie des directeurs des fours, mais ils ont encore d’autres soins à prendre durant le temps de la couvée ; tous les jours, & même quatre ou cinq fois par jour, ils remuent les œufs, pour établir entr’eux tous la plus juste répartition de chaleur qu’il est possible.

4*. Vers le huitième ou le dixième jour de la couvée, temps où, comme il a déjà été dit, on cesse de faire du feu, les ouvriers exécutent une grande opération dans les fours ; ils retirent les œufs qu’ils trouvent clairs & qu’ils reconnoissent alors très-aisément en les regardant à la lumière, puis ils transportent sur le plancher de la chambre supérieure une partie des œufs qui, jusque là, avoient tous été placés dans la chambre inférieure, ce qui les met plus à l’aise, & facilite sur-tout le remuement des œufs & l’examen de ceux qui se trouveroient gâtés.

5°. Enfin arrivent le vingtième & vingt-unième jours, qui récompensent les directeurs de leurs peines, & qui mettent fin aux travaux de la couvée. En effet, aussitôt que les poulets sont éclos, les conducteurs