Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/414

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à pénétrer, sont des composés si bisarres, & si peu convenables à la maladie, qu’il est inutile de les rapporter.

Quelques métayers de la Sologne ont employé avec succès, la décoction de serpolet & d’autres plantes aromatiques. Il y en a qui prétendent avoir guéri des bêtes malades, en leur faisant avaler de la décoction de sureau, & en les exposant à des fumigations d’iebles. Ces moyens nous paroissent très-bien indiqués, & méritent qu’on y ait confiance : ils prouvent, d’ailleurs, qu’il existe une analogie marquée entre la pourriture & la maladie rouge.

Malgré ces légers succès, on ne doit pas conclure qu’on puisse facilement guérir cette maladie. Il ne faut du moins pas l’espérer, lorsqu’elle est parvenue a un certain degré, comme lorsque le foie & le poumon sont déjà dans un état de putréfaction. Vraisemblablement les animaux guéris par M. l’Abbé Tessier, n’étoient encore que foiblement attaqués. La médecine vétérinaire a des bornes qui limitent son pouvoir ; c’est à ceux qui l’exercent à les connoître, afin de ne pas employer inutilement, pour les franchir, un temps qu’on peut appliquer à des recherches capables de procurer de grands avantages.

Lorsque la maladie rouge est déclarée, on doit essayer, sur les bêtes qui ne sont pas dans un état désespéré, les remèdes que la connoissance des symptômes, & l’ouverture des corps, indiquent ; c’est-à-dire, des apéritifs, des diurétiques & des toniques, tels que ceux que nous allons indiquer.

On donnera, chaque jour, & dans les premiers temps, aux bêtes à laine malades, plusieurs verres d’une décoction d’écorce moyenne de sureau, ou des baies d’alkekenge, ou coqueret ; on remplacera quelques jours après cette décoction, par une autre faite avec la sauge, ou l’hysope, ou le pouliot, ou toute autre plante aromatique, en y joignant un gros de sel de nitre, ou deux gros de sel marin, par pinte d’eau ; on enfumera les bergeries avec des branches ou des baies de genièvre.

Il faut rejeter la saignée & les remèdes raffraîchissans.

La nourriture sera, ou du seigle en gerbe, ou du genêt, ou des plantes sèches. Pour cette raison on éloignera les bêtes des prairies humides.

Nous ne conseillerons pas de faire usage de la thériaque, ni de l’orviétan, d’après notre expérience, & celle de M. Vitet & de M. d’Aubenton.

On aura grand soin, pendant tout le temps du traitement, de n’exposer les troupeaux malades ni au froid ni à la pluie. M. T.


MAL DE TAUPE. Médecine Vétérinaire. C’est une tumeur qui se manifeste sur le sommet de l’encolure du cheval, ou sur le sommet de sa tête même ; elle est un peu molle, & de figure irrégulière ; le pus qu’elle contient est blanc & épais comme de la bouillie : ce pus devient quelquefois si âcre, qu’il se creuse des sinus sous le cuir, & carie souvent le crâne. Comme la peau de la tête est épaisse, ferme, tendue & près des os, la tumeur ne s’élève pas beaucoup, mais elle s’élargit a sa base. Elle reste ordinairement longtemps sans faire de grands progrès, parce que la lymphe qui la