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Section XIII.

Maïs pour le bétail.


Dans l’Amérique septentrionale on ne se donne pas la peine d’égrener le maïs pour le bétail, on lui jette les épis entiers ; mais il faut convenir, que pour que cette méthode soit avantageuse, le maïs doit être nouveau, parce qu’alors la totalité de la grappe sert de nourriture, tandis que trop dure, elle n’a plus de saveur. Les fameux cochons de Naples ne sont engraissés que par ce moyen, & l’auteur de l’École du Jardin-potager, assure, pour les avoir vus, qu’ils pèsent jusqu’à cinq cens livres, & que pour les amener à ce volume énorme, il suffit de les enfermer pendant deux mois dans une loge où il y a une auge toute remplie de ce grain. On a remarqué en Bourgogne, que quand les cochons étoient un peu gras, & qu’ils commençoient à se dégoûter, on leur donnoit tous les quinze jours du maïs entier non séché, & bouilli dans l’eau.


Section XIV.

Maïs pour l’engrais des volailles.


Les volailles de toute espèce, profitent à vue d’œil, nourries avec du maïs crû, ou cuit, en farine, ou en boulette elles prennent beaucoup de graisse, & leur chair acquiert un goût fin & délicat : aussi les plus estimées viennent-elles des endroits où ce grain est cultivé en grand. Les chapons de la Bresse, les cuisses d’oyes, les foies de canards, si renommés dans toute l’Europe, doivent leurs avantages en partie au maïs.


Section XV.

De ses propriétés médicinales.


Indépendamment de la nourriture salutaire que le maïs fournit à l’homme & aux animaux, on lui attribue encore des propriétés médicinales ; mais ces propriétés sont, comme on le pense bien, moins sensibles chez les personnes qui font un usage journalier de ce grain, parce que l’habitude le rend bientôt indifférent à l’économie animale, & que toute nourriture ne conserve plus, au bout d’un certain temps, que l’effet alimentaire.

Les potages & les bouillies claires, en forme de gruaux, composés de farine de maïs, passent pour être très-salutaires, & tellement faciles à digérer, que souvent les médecins les prescrivent comme remèdes aux malades & aux convalescens ; mais un des effets que produit assez constamment le maïs, sous quelque forme qu’on s’en serve, c’est de porter aux urines & les voyageurs les plus dignes de foi, prétendent que les Indiens, avant leur conquête, ignoroient les maladies des reins, de la vessie, & particulièrement la pierre : enfin, M. Desbiey, dans son mémoire sur les landes, couronné par l’Académie de Bordeaux, assure que depuis que la culture du maïs a été introduite en Gascogne, les habitans qui en font leur nourriture principale, ont été délivrés des apoplexies auxquelles ils étoient très-sujets auparavant. Si cette observation est fondée elle suffit seule pour répondre aux objections qu’on a faites contre la nourriture du maïs, en l’accusant d’oc-