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Section VIII.

Du choix de la semence & de sa préparation.


Il faut, autant qu’on le peut, s’attacher à choisir le maïs de la dernière récolte, & laisser le grain adhérent à l’épi, jusqu’au moment où on se propose de le semer, afin que le germe, presque à découvert, n’ait pas le temps d’éprouver un degré de sécheresse préjudiciable à son développement. Il faut encore éviter de prendre les graines qui se trouvent à l’extrémité de l’épi ou de la grappe, & préférer toujours ceux qui occupent le milieu, parce que c’est ordinairement là où le maïs est le plus beau & le mieux nourri.

Quand on ne devroit laisser macérer le maïs dans l’eau que douze heures avant de le semer, cette précaution simple auroit toujours son utilité, ne dût-elle servir qu’à manifester les grains légers qui surnagent, à les séparer avec l’écumoire, & à ne pas confier à la terre une semence nulle pour la récolte, & qui pourroit servir encore de nourriture aux animaux de basse-cour ; mais en faisant infuser le maïs de semence dans des décoctions de plantes âcres, dans la saumure, dans l’égout de fumier, dans les lessives de cendres animées par la chaux, ce seroit un moyen de le ramolir, d’appliquer à sa surface une espèce d’engrais, & de le garantir des animaux. Loin que cette préparation fût capable de nuire eu aucun cas, on devrojt par-tout la mettre en usage ; elle équivaudroit certainement toutes ces recettes merveilleuses de poudre ou de liqueurs, soi-disant prolifiques, dont nous avons déjà apprécié la valeur.


Section IX.

Du temps & de la manière de semer.


Il convient toujours d’attendre, pour commencer les semailles de maïs, que la terre ait acquis un certain degré de chaleur, qui puisse mettra à l’abri du froid une plante qui en est très-susceptible ; elles doivent se faire dans le courant d’avril ou au commencement de mai au plus tard, afin que d’une part cette plante ne germe que quand le danger des gelées est passé, & que de l’autre les froids d’automne ne la surprennent pas avant la maturité.

Quand la terre est disposée à recevoir le maïs, on seme le grain par rayons, l’un après l’autre, à deux pieds & demi de distance en tout sens, & on recouvre à proportion, au moyen d’une seconde charrue. Ceux qui n’ont pas de charrue le plantent au cordeau, à la distance d’un pied & demi, en faisant avec le plantoir un trou, dans lequel on met un grain, que l’on recouvre de deux ou trois travers de doigt, afin de le garantir de la voracité des animaux destructeurs.


Observations sur les semailles.


Le maïs n’est pas cultivé par-tout de la même manière ; dans certains endroits on seme ce grain à la charrue comme le bled ordinaire, & dans d’autres on le plante : cette dernière méthode mérite sans contredit la préférence, parce qu’alors la distance