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les laboureurs, qui ne sont jamais alarmés de voir régner cette maladie dans leurs champs, puisqu’elle est le signal de l’abondance, ne devroient jamais laisser subsister aucune de ces tumeurs, grosses ou petites ; parce que les tiges affectées de charbon, ne portent ensuite que des épis médiocres.


Section VI.

Des animaux qui l’attaquent.


Ce n’est absolument qu’au moment où le maïs se développe, qu’il devient quelquefois la proie d’un insecte particulier, de la classe des scarabés, que l’on nomme en Béarn, laire. Il s’attache aux racines, & ne les quitte point qu’elles ne soient entièrement rongées : pendant cette opération la plante languit & meurt. Le seul moyen de s’en préserver, c’est de travailler la terre aussitôt, & de couper le chemin à cet animal. Le sol humide y est ordinairement plus exposé que tout autre.

Les animaux qui fondent sur les semences, ne respectent pas non plus celles du maïs, & les champs qui en sont couverts, se trouvent également labourés par les taupes. Il faut se servir des moyens indiqués à l’article des Semailles, pour s’en garantir.


Section VII.

Du terrein & de sa préparation.


Toutes les terres, pourvu qu’elles aient un peu de fond, & qu’elles soient bien travaillées, conviennent en général à la culture du maïs. Ce grain se plaît mieux dans un sol léger & sablonneux, que dans une terre forte & argilleuse ; il y vient néanmoins assez bien. Les prairies situées au bord des rivières, les terres basses, noyées pendant l’hiver, & dans lesquelles le froment ne sauroit réussir, sont également propres à cette plante ; enfin, quelque aride que soit le sol du Béarn, il produit toujours, à la faveur de quelques engrais, d’amples moissons, sur-tout s’il survient à temps des pluies douces, accompagnées de chaleur.

Pour préparer la terre à recevoir la semence qu’on veut lui confier, il faut qu’elle soit disposée par deux labours au moins ; l’un, ou d’abord après la récolte, ou pendant l’hiver, suivant l’usage du pays. Le second ne doit avoir lieu qu’au commencement d’avril, après quoi on herse & on fume. Il y a des cantons où le terrein est si meuble, qu’un seul labour, donné au moment où il s’agit d’ensemencer, suffit ; tandis que dans d’autres, comme dans la partie froide & montagneuse du Roussillon, il faut quelquefois porter le nombre des labours jusqu’à quatre.

Toutes les terres ne se prêtent donc point à la même méthode de culture, & les différentes pratiques locales, usitées à cet égard, sont plus fondées qu’on ne croît sur l’expérience & l’observation. Tantôt on sème le maïs plusieurs années de suite dans le même champ, tantôt on alterne avec le froment ; enfin il y a des cantons où, dans les terres ordinaires, on tierce, une année en maïs, une année en bled ; la troisième reste en jachère. (Voyez le mot Jachère)