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Le vent ne préjudicie pas moins au maïs, & le tort qu’il lui fait est d’autant plus capital, que la plante est plus haute, les pieds plus rapprochés, & que la semence a été moins enterrée. Rien n’est plus commun que de voir des champs de maïs versés : quelquefois on est obligé de le redresser avec la main, en mettant de la terre autour de la tige, & la comprimant un peu avec le pied, afin que la racine, presque à nud, ne soit pas exposée a l’ardeur du soleil qui la dessécheroit.

Quant au froid, il est certain, quoi qu’on en ait dit, que le maïs y est très-sensible, & qu’un instant suffit pour faire évanouir les plus belles espérances. Si, par malheur, la gelée a frappé les semailles, il faut les recommencer ; & si elle surprend le grain sur pied, il ne vient plus à maturité ; mais un pareil accident sera toujours fort rare, si on a soin d’attendre, pour la plantation, la fin d’avril, mais jamais plus tard.


Section V.

De ses maladies.


La seule maladie, bien connue, du maïs, est désignée, mais très improprement, sous le nom de charbon. M. Tillet en a donné une description dans les Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, pour l’année 1760 ; & M. Imhoff vient de soutenir à Strasbourg, sur cette matière, une thèse bien faite, dans laquelle l’auteur confirme, en partie, ce que ce sçavant Académicien nous a appris touchant la nature, la cause & les effets de cette maladie.

Les caractères auxquels on reconnoît le charbon de maïs, sont une augmentation considérable de volume dans l’épi, dont les feuilles recouvrent un assemblage de tumeurs fongueuses, d’un blanc rougeâtre à l’extérieur, qui rendent d’abord une humeur aqueuse, & se convertissent, à mesure qu’elles se dessèchent, en une poussière noirâtre, semblable à celle que renferme la vesce-de-loup. Ces tumeurs charnues, qui varient de grandeur & de forme, sont quelquefois de la grosseur d’un œuf de poule, mais rarement au-delà. La poussière qu’elles renferment, est sans odeur & sans goût : analysée à feu nud, elle fournit des produits semblables à la carie des bleds, un acide, de l’huile & de l’alkali volatil. Mais une observation importante, c’est que cette poussière, de nul effet pour les animaux, n’est pas non plus contagieuse pour les semailles.

Comme la maladie du maïs se manifeste le plus communément sur les pieds vigoureux, qui portent plusieurs épis, il est assez vraisemblable qu’elle dépend, comme l’a soupçonné M. Tillet, d’une surabondance de sève, qui, dans un sol favorable, & par un temps propice, se porte, avec affluence, vers certaines parties, occasionne des ruptures & des épanchemens. Le remède à cette maladie, consiste à enlever à propos ces tumeurs, sans offenser la tige, & à couper les pannicules avant que les anthères ne mûrissent : le suc sèveux, n’étant plus détourné de son cours, circule librement, aboutit à l’épi, & le nourrit. Ainsi