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février & le commencement de mars.[1]

Quand la terre est saine, le tems au beau, & qu’on a beaucoup de plantations à faire, on commence à planter les arbres qu’on n’a pas pu planter en automne dans les terreins trop humides.[2]

On visite les amandes, les châtaignes qu’on a mises en automne dans du sable à la cave, & l’on voit si elles sont germées & bonnes à planter, & si elles ne sont pas germées, à cause de la trop grande sécheresse du sable, on le change & on en remet de plus frais.

On plante & on séme les pépinières comme en novembre ; celles-ci ont l’avantage d’échapper aux rigueurs de l’hiver & à la dent des mulots, mais les plans poussent un peu plus tard.[3]

Vous semez les pépins de citron depuis la mi-février jusqu’à la mi-mars, pour faire des sujets propres à recevoir les greffes des orangers. Les pépins des oranges de Malthe, selon quelques habiles orangistes, valent encore mieux.[4]

On ne doit pas tarder de planter les rejetons enracinés de noisetiers, ainsi que les boutures des groseilliers, des osiers,[5] qu’on coupe d’un pied de longueur, & qu’on enfonce jusqu’à la terre dure ; il suffit que la tête sorte de trois à quatre pouces : on plante les boutures par un temps humide, & jamais par le hâle.

Il ne faut pas oublier, à mesure qu’on taille des arbres, d’écraser la punaise grise qui s’attache derrière les branches ; les orangers y sont fort sujets, ce qui lui a donné le nom de punaise d’oranger.

Les limaçons n’ont pas encore quitté leurs retraites ; il faut les chercher dans les trous des murs & dans les ras de pierre.

Il faut labourer tous vos arbres aussi-tôt qu’ils sont taillés, avant qu’ils fleurissent, parce que l’humidité qui s’élèveroit de la terre, fraîchement remuée, s’attachant aux fleurs, les exposeroit à la gelée. Ce

  1. On peut tailler la vigne dès que les feuilles sont tombées, si le bois est mûr. Si, dans le nord, on craint que le froid & les gelées pénètrent l’œil lorsqu’on a coupé le sarment raz & au-dessus, ou peut laisser deux pouces de bois au-dessus de l’œil, & le retrancher à l’époque indiquée par l’auteur. C’est une double opération, j’en conviens, mais la première se fait dans un temps où l’on n’est pas pressé par le travail, & la seconde est bientôt faite. On peut palisser aussi-tôt après qu’on a taillé, afin d’avoir moins d’ouvrage sur les bras en février & en mars.
  2. Ces plantations arriérées réussissent mal dans les provinces du midi, elles sont trop tôt surprises par les chaleurs.
  3. Dans les provinces du midi, les semis doivent être faits en novembre.
  4. Dans les pays méridionaux, semez en novembre, les pépins se conservent en terre ; tenez les vases ou les caisses dans de bons abris pendant les rigueurs de l’hiver, couvrez-les avec de la paille de litière, & garantissez-les des pluies ; ils germeront dès que la chaleur de l’atmosphère sera au degré qui leur convient, & à la fin de l’année vous aurez une forte pousse.
  5. Plantez en novembre. Le noisetier est souvent en fleur en janvier ; il réussit bien lorsqu’il est arrosé pendant l’été : il mourroit sans cette précaution, à moins qu’il ne survienne des pluies, ordinairement très-rares dans les provinces du midi.