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celui qui se durcie le plus ; faites surtout courir l’animal. L’expédient qui ne m’a jamais manqué dans un pareil accident, c’est de lui faire avaler, aussi promptement qu’on le peut, une once de nitre dans un verre d’eau-de-vie ; de vider l’animal comme il a été dit, & de le faire courir.


LYCHNIS, ou CROIX DE MALTHE, ou DE JERUSALEM, ou FLEUR DE CONSTANTINOPLE. Tournefort la place dans la première section de la huitième classe des fleurs en œillet, dont le pistil devient le fruit, & il l’appelle lychnis hirsuta, flore coccineo major. Von Linné la classe dans la décandrie pentagynie, la nomme lychnis calcedonica.

Fleur. En œillet, de couleur écarlate vive, à cinq pétales ; l’onglet de la longueur du calice, qui est renflé & divisé en cinq parties. Les bords du calice soutiennent les pétales qui se couchent horizontalement ; dix étamines & cinq pistils occupent le centre de la fleur.

Fruit. Capsule presque ovale, à une seule loge, à cinq valvules, contenant des semences en grand nombre, rousses, & presque rondes.

Feuilles. Oblongues, vertes, velues, embrassent la tige par leur base.

Racine. Fibreuse.

Port. Suivant la culture & le climat, les tiges s’élèvent à deux ou trois pieds, & sont cylindriques ; les fleurs naissent au sommet, disposées en grouppes.

Lieu. Originaire de la Tartarie la plante est vivace, & elle est cultivée dans les jardins.

Culture. On en connoît plusieurs variétés ; la plus recherchée est celle à fleur écarlate & double ; celle à fleur blanche, soit double, soit simple, est moins parante. Il y en a encore à fleur blanche, fouettée d’incarnat. Cette plante se multiplie par ses semences & par ses drageons. On la seme au premier printemps, dans une terre douce, légère, substancielle, ou rendue telle par le terreau, & on la replante à demeure, dans une terre semblable, dès que la plante est assez forte. Un peu avant l’hiver on fait très-bien d’enlever la terre qui environne son pied, & lui en substituer de nouvelle : c’est le moyen d’avoir de plus belles fleurs. Quoique le lychnis craigne l’humidité habituelle du sol, il demande, pendant l’été, de petits & fréquens arrosemens.

Pour le multiplier par drageons, on détache des tiges qui partent du collet de la racine, les petits rejetions enracinés ou non, & on en fait des boutures dans des vases ou des caisses, qui demandent d’être à l’ombre, ou du moins de ne recevoir que le soleil du matin. L’époque de cette opération est au commencement de l’automne & du premier printemps. Lorsqu’on est assuré que les boutures ont pris racine, on les lève de la pépinière, pour les transporter à demeure dans le parterre ou dans les plates-bandes du jardin, ayant soin de les couvrir avec des feuilles, ou avec des vases renversés, pendant la plus forte chaleur du jour, afin de faciliter leur reprise ; & on enlève ces vases pendant la nuit. Cette fleur, dont la couleur est si tranchante, subsiste pendant long-temps, & produit un très-bel effet dans les jardins.