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En général, dès que la lumière en mouvement vient à frapper un corps par ses parties solides, intérieures comme extérieures, car la lumière est si subtile qu’elle pénétre tous les corps, & qu’elle s’y fixe en partie, alors le mouvement de vibration qu’elle lui imprime fait naître dans ce corps un certain degré de mouvement qui peut aller jusqu’à la chaleur & même ignition. Ce mouvement interne produit par la lumière, cette nouvelle modification, est, comme nous le verrons plus bas, le principe direct des phénomènes qui naissent par sa présence ou son absence, sur-tout dans le règne végétal.


§. III. Du mouvement de la lumière.


Toute cause qui peut déterminer le mouvement de vibration dans le fluide lumineux, & le propager jusqu’à notre œil, produira l’éclat lumineux. Le soleil est ce qui, jusqu’à présent, a le plus d’action dans la production de la lumière, soit que cet astre soit un réservoir immense de ce fluide, & qu’à chaque instant il en verse des torrens qui ne s’épuisent jamais, soit seulement qu’il ne fasse qu’imprimer le mouvement nécessaire au fluide lumineux, disséminé dans tout l’espace.

Ce mouvement s’affoiblit de lui-même, & finit par cesser totalement, si la cause agissante est affoiblie. Ainsi, le jour paroît dès que le soleil vient sur notre horison mettre en vibration le fluide lumineux ; le jour dure tant que cet effet a lieu ; le jour cesse & la nuit arrive lorsque, par l’absence du soleil, le fluide lumineux perd son mouvement, & retombe dans un degré de motion presque insensible. La lumière réfléchie par la lune & par les astres répandus dans les cieux, soutient jusqu’à un certain point ce foible mouvement, ce qui entretient une espèce de lueur au milieu des ténèbres de la nuit, qui suffit à quelques espèces d’animaux pour y voir & se diriger. L’œil même de l’homme y devient sensible à la longue, & l’on parvient alors à distinguer quelques objets très-proches, lorsque la prunelle de l’œil s’est assez dilatée pour ramasser, pour ainsi dire, le plus de rayons de lumière possible. Dans ce cas, leur multiplicité équivaut en quelque sorte à leur vivacité. Mais si le fluide lumineux est absolument privé de toute espèce de mouvement, alors plus d’éclat lumineux, plus de sensation dans l’organe de la vue ; des ténèbres épaisses nous environnent ; rien n’est sensible, parce que rien n’a de mouvement. Observons toujours que la sensibilité de la vue étant, comme celle de tout autre sens, différente dans les divers êtres, ce qui est invisible pour nous, l’est aussi pour certains animaux, qui eux-mêmes sont plongés dans la nuit la plus obscure, tandis que quelques insectes jouissent encore d’une espèce de jour.

Le mouvement du fluide lumineux se propageant dans tous les sens, la plus petite étincelle de lumière se voit par tous les points de sa superficie ; il faut donc la regarder comme un centre d’une sphère qui lance de toutes parts des rayons lumineux ; ces rayons partant d’un centre commun, se propagent en s’écartant les uns des autres ; leur éclat qui venoit de leur réunion s’affoiblit donc à mesure qu’ils s’éloignent & se séparent, & leur mouvement de vibration diminue en proportion, & pareillement