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du feu sur le bord de l’étang, ce moyen est purement palliatif, elles ne tardent pas à revenir dès qu’on cesse d’entretenir la lumière.

M. Jean Lots a donné un mémoire sur la manière avantageuse de dresser la loutre pour prendre du poisson. Il faut qu’elle soit jeune : on la nourrit pendant quelques jours avec du poisson & de l’eau, ensuite on mêle de plus en plus dans cette eau du lait, de la soupe, des choux & des herbes. Dès que l’on s’aperçoit que l’animal s’habitue à cette espèce d’aliment, on lui retranche successivement presque tout le poisson, & à sa place on substitue du pain, dont elle se nourrit très-bien ; enfin il ne faut plus lui donner ni poissons entiers ni intestins, mais seulement des têtes. On dresse ensuite l’animal à rapporter, comme on dresse un chien ; lorsqu’il rapporte tout ce qu’on veut, on le mène sur le bord d’un ruisseau clair, on lui jette du poisson qu’il a bientôt joint & qu’on lui fait rapporter ; la tête de ce poisson lui est donnée en récompense de sa docilité. Un homme de la Savoie, par le secours d’une loutre ainsi dressée, prenoit journellement autant de poissons qu’il lui en falloit pour nourrir toute sa famille. Cette méthode est fort ancienne en Suède.


LOUVET, ou LOVAT. Médecine Vétérinaire. C’est ainsi qu’on appelle, en Suisse, une maladie inflammatoire, contagieuse, qui attaque communément les bœufs & les chevaux.

Aussitôt que l’animal en est atteint, il perd ses forces, il tremble, il veut se tenir couché, il ne se lève que pour se rafraîchir, & rechercher les lieux frais ; il porte la tête basse & les oreilles pendantes ; il est triste, ses yeux sont rouges & larmoyans, sa peau est fort chaude & sèche ; sa respiration est fréquente & difficile. Lorsque le mal a fait beaucoup de progrès, la respiration est toujours suivie d’un battement des flancs ; il tousse fréquemment, l’haleine est d’une odeur fétide : en appliquant la main le long des côtes, on sent que le cœur & les artères battent avec force ; la langue & le palais sont arides & deviennent noirâtres ; il perd l’appétit, & cesse de ruminer ; la soif est considérable ; il urine très rarement & fort peu à la fois ; les urines sont rougeâtres ; les excrémens durs & noirâtres dans le commencement, quelquefois liquides & sanguinolents : les vaches perdent leur lait. Dans les uns il se forme des tumeurs inflammatoires, tantôt vers le poitrail, tantôt aux vertèbres du col & du ventre ; tantôt aux mammelles & aux parties naturelles : dans les autres, il paroît dans toute la superficie du corps des boutons comme de la gale & des furoncles. Il est rare de voir tous les symptômes attaquer en même temps le même sujet ; mais l’expérience prouve, que plus ils sont nombreux, plus promptement l’animal périt : ordinairement il meurt ou guérit le quatrième jour, lorsque les symptômes sont violens : s’il passe le quatrième jour, & que le septième soit heureux, la guérison est certaine, quoique la convalescence n’arrive souvent que le quinzième jour.

L’abondance des urines troubles, déposant un sédiment blanchâtre ; les excrémens plus abondans que dans