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ché, le coude repose sur l’éponge du fer en-dedans, la compression continuelle de l’éponge sur le coude y fait venir une loupe, qui grossit toujours peu-à-peu, si l’on n’y remédie dans le principe, par les frictions résolutives avec l’eau marinée, & par la ferrure courte. (Voyez Ferrure)

Quant aux loupes qui arrivent au poitrail, & que les maréchaux de la campagne prennent très-mal à propos pour un avant-cœur, (Voyez ce mot) on ne doit les regarder que comme un véritable kiste, & les traiter à peu-près de même. (Voyez Kiste) M. T.


LOUTRE. Quadrupède qui a la tête plate, le museau fort large, la mâchoire du dessous plus étroite & moins longue que celle de dessus, le col gros & court, les jambes courtes, la queue grosse à l’origine, pointue à l’extrémité ; chaque côté du museau garni de moustaches formées par des poils rudes ; le corps couvert de deux espèces de poils, les uns soieux, de couleur grise blanchâtre, les autres de couleur brune & luisante ; les doigts tiennent les uns aux autres par une membrane plus étendue dans les pieds de derrière ; cinq doigts à chaque pieds, ceux de derrière armés de petits ongles crochus.

Animal vorace, plus avide de poisson que de chair, qui vit sur les bords des rivières, des lacs & des étangs, & finit par dépeupler ceux-ci de poissons ; il mange également les écrevisses, les rats & les grenouilles. Cet animal est réputé viande maigre, & c’est un mauvais manger. Avec sa peau on fait des fourrures ; les chapeliers se servent de son poil pour fabriquer des chapeaux.

La loutre ne creuse point de terrier, mais elle se retire dans les trous formés par les racines, ou sous les racines des arbres qui bordent les rivières. Cet animal est fin & défiant, comme tous les animaux qui vivent de rapines.

On reconnoît la présence des loutres dans le voisinage des étangs, par leurs excrémens mal digérés, remplis d’écailles, d’arrètes cet animal passe toujours dans le même endroit, & lorsqu’on a reconnu sa passée, on égalise le terrein, on le remue avec un râteau, afin que la terre prenne l’empreinte de ses pieds on s’en assure plusieurs jours de suite par le même moyen, & ensuite on tend un traquenard (Voyez ce mot) sur son passage, & la chaîne du traquenard doit être fortement assujettie à un pieux ou à un arbre.

L’affut pendant la nuit est le second moyen qu’on employe pour prendre cet animal. La loutre a pour habitude d’aller fienter sur une pierre blanche lorsqu’elle en rencontre près de l’étang : si cette pierre manque, on peut en transporter une, ou un bloc de plâtre blanc ou de craye, ou même une pierre de couleur quelconque blanchie à la craye & à l’huile sicative, car blanchie à la chaux la couleur tiendroit moins : la chaux cependant peut être utile au défaut de tout autre moyen. Lorsque le chasseur connoît l’habitude contractée, il se porte près de la pierre, attend l’animal & le tire de très-près.

Un autre moyen d’écarter les loutres, c’est d’entretenir pendant plusieurs nuits de suite une lumière ou