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tout les différentes pierres qu’on a placées ; l’odeur s’y conserve pendant plusieurs jours, & les loups mâles & femelles l’éventent de très-loin ; elle les attire & les occupe fortement} lorsqu’ils sont accoutumés à venir gratter quelqu’une de ces pierres ; on y tend le piège, & rarement sans succès, lorsqu’il est bien tendu & bien couvert. Dict. Encyc.

Dans les pays des forêts & grands bois où il y a nombre de loups, on peut se servir d’une fosse avec une trappe, laquelle étant chargée d’un bout, renverse sa charge dans la fosse, & se referme d’elle-même. Cette invention ne doit se pratiquer que dans les chemins écartés, qui sont les endroits ordinaires où passent les loups ; & afin de ne pas travailler inutilement, il faut, avant d’y faire la fosse, vous promener quelque matin après la pluie, ou bien quand la terre est molle & qu’il a neigé, & regarder à terre pour y découvrir les empreintes du loup. On place sur la partie du milieu de la trappe ou bascule, une bête morte, & on l’y attache ; dès que le loup a les quatre pieds sur la bascule, elle s’abaisse, & l’animal tombe dans la fossé.

Plusieurs personnes se servent d’un mouton ou d’une oie, pour attirer le loup & autres animaux carnassiers, parce que ces deux animaux étant seuls, ne cessent de crier ; leurs cris attirent les loups & les renards, qui pensant se jeter sur eux, ne peuvent éviter les effets de la bascule. Lorsque le loup est pris, le mieux est de lui passer au col un las coulant pour le tirer de la fosse, & le donner ensuite aux chiens à étrangler loin de-là, car si le sang de l’animal est répandu sur la place, on peut compter qu’aucun autre loup n’en approchera de long-temps, quelques appâts qu’on mette dans le piège. Dict. économ.

Les chasses, ainsi qu’il a été dit, produisent peu d’effets, les fosses sont souvent dangereuses pour les hommes qui ignorent où elles sont placées, ce que l’exemple a prouvé plusieurs fois ; mais il existe un moyen moins coûteux, plus sûr, & dont je certifie avoir fait ou avoir fait faire plusieurs fois l’expérience avec le plus grand succès. Je n’en ai pas le mérite de l’invention, & j’avoue de bonne-foi que le procédé fut indiqué en 1764 ou 1765 dans les papiers publics ; il me parut si simple, si naturel, que je le copiai alors ; mais j’oubliai de transcrire le nom de son auteur, & de la feuille publique où il étaie inséré.

Prenez un ou plusieurs chiens, ou plusieurs vieilles brebis ou chèvres que vous faites étrangler ; ayez de la noix vomique râpée fraîchement ; (on trouve cette drogue chez tous les apothicaires) faites une quinzaine ou vingtaine de trous avec un couteau dans la chair, suivant la grosseur de l’animal, comme au rable, aux cuisses, aux épaules, &c. Dans chaque trou, qui doit être profond, vous mettrez un quart ou demi-once de noix vomique, le plus avant qu’il sera possible ; vous boucherez ensuite l’ouverture avec quelque graisse, & encore mieux, vous rapprocherez par une couture les deux bords de la plaie, afin que la noix vomique ne puisse pas s’échapper ; liez ensuite l’animal par les quatre pattes avec un osier, & non avec des cordes, qui conservent trop long-temps l’odeur de l’homme : enterrez l’animal ou les animaux ainsi préparés dans un fumier qui travaille,