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bois, & d’en former de petits quarreaux.

Les clous entrent à volonté dans les murs de pisaï, mais comme ils sont construits en terre, & qu’on est obligé de les revêtir à l’extérieur d’une couche de mortier à chaux & sable, ces clous détachent une partie de cette couche, & peu-à-peu dégradent complètement le mur. Il faut donc, pour les murs en pierres ou en pisaï, recourir également aux treillages.

La loque a l’avantage de ne point étrangler la branche ou le bourgeon à mesure qu’il grossit, au lieu que l’osier ne prête pas, & établit une forte compression, s’implante dans l’écorce, y forme un bourrelet, (Voyez ce mot) enfin dérange & nuit beaucoup à la végétation de l’arbre.


LOUCHET ou LUCHET. Outil de jardinage pour fouiller la terre. (Voyez le mot Bêche.)


LOUP. LOUVE. Animal malheureusement trop connu dans les campagnes pour qu’il soit nécessaire de le décrire ici ; il attaque les bœufs, les chevaux, les ânes ; il les saisit par la queue, & à force de les faire tourner sur eux-mêmes, il les étourdit, les fait tomber, & leur saute aussitôt à la gorge ; enfin l’animal expire, & il le dépièce jusqu’à ce qu’il soit rassasié à l’excès. Il emporte le mouton en le jetant sur son col ; la chèvre, les chiens sont ses victimes ; il attaque même les enfans & les femmes, lorsqu’il est pressé par la faim. Quand il a une fois goûté à la chair humaine, il la recherche ensuite avec avidité. Lorsque la vigilance des bergers, & les soins ou les mauvaises saisons, lui dérobent sa proie, plutôt que de mourir de faim, il leste son estomac en mangeant de la glaise. Les sens de cet animal sont très-exercés, il a l’oreille sensible au bruit le plus léger, & l’odorat très-délicat ; il va toujours le nez au vent pour chercher sa proie ; sa vue est perçante, & sa course prompte & soutenue. Sans cesse en défiance, il se cache dans le fourré des bois, d’où il ne fort que lorsque les ombres de la nuit invitent au repos les hommes & les animaux. La défiance guide ses pas, & son odorat lui indique les pièges qu’on lui tend. Attirer & surprendre un vieux loup, est une chose bien difficile. Si on désire de plus grands détails sur son histoire naturelle, on peut consulter l’ouvrage de M. de Buffon ; comme il est entre les mains de tout le monde, il seroit superflu de le copier ici.

On a inventé plusieurs moyens pour exterminer ce fléau des campagnes ; les Anglois ont mis la tête des loups à prix, & ils ont doublé, triplé, décuplé & centuplé les récompenses à mesure que l’espèce devenoit plus rare. Enfin il n’en existe plus dans cette île, assez éloignée du continent pour empêcher l’animal de traverser le bras de mer qui l’en sépare. On ne peut pas en France prendre le même parti, parce que ce royaume, en grande partie environné par la chaîne des Pyrénées & des Alpes, par la chaîne des Vosges & des Pays-Bas Autrichiens, ne peut se garantir de l’entrée de ces animaux ; le roi donne trente livres par tête de loup, mais dans quelques cantons cette récompense est inconnue. Ce moyen s’oppose jusqu’à un certain point à