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tiges près du sol, & recouvrir le pied avec cinq à six pouces de terre… On peut encore coucher des branches, comme des marcottes. On sème la graine aussitôt qu’elle est mûre.


LILIACÉE. Plante à fleur en lis. Ces fleurs sont de plusieurs pièces, régulières, composées ordinairement de six pétales, quelquefois de trois, ou même d’un seul divisé en six portions par les bords. Elles imitent le lis d’où elles ont pris leur dénomination. Leurs semences sont toujours renfermées dans une capsule à trois loges. Enfin, on donne en général le nom de liliacées à toutes plantes qui sortent d’un oignon.


LIMACE. LIMAÇON. La première est un reptile nud, c’est-à-dire sans robe ou coquille ; & le second se renferme dans une coquille qui prend le même accroissement que lui. Lorsque la saison froide commence à se faire sentir, il se retire dans sa coquille, & la bouche avec une matière glutineuse, qui durcit & le met à l’abri du froid & de l’humidité, lorsqu’il a creusé sa retraite sous terre, ou sous des pierres, ou dans les crevasses des murs. La limace se replie également sur elle-même, & la partie de son col ou coqueluches lui tient lieu de coquille. La limace & le limaçon sont hermaphrodites, c’est-à-dire que chaque individu a les parties sexuelles mâles & femelles ; mais il faut l’accouplement des deux êtres pour féconder, & ils ont beaucoup de peine à s’accoupler. Je n’entrerai pas dans de plus grands détails sur la structure & sur les espèces de limaces & de limaçons ; ils sont plus utiles aux naturalistes qu’aux cultivateurs. Ceux qui désireront de plus grands éclaircissemens, peuvent consulter les ouvrages de M. de Réaumur, de Swamerdam, le dictionnaire d’histoire naturelle de M. Valmont de Bomare, &c.

Ces deux insectes font de très-grands dégâts dans les jardins potagers, dans les vergers & dans les champs ; ils attaquent indistinctement les fruits, les jeunes bourgeons des arbres, & les plantes lorsqu’elles sont encore tendres. C’est véritablement un fléau, & cette engeance maudite se multiplie à l’excès, si on ne se hâte pas de la détruire. Que d’arcanes, que de recettes on a publié sur cet objet, toutes plus merveilleuses les unes que les autres ; & toutes, au moins très-inutiles, si elles ne sont pas nuisibles ! La seule bonne recette consiste dans la persévérance & les soins, pour trouver, & ensuite écraser ces insectes. Le limaçon & la limace marquent les endroits par où ils ont passé avec une humeur visqueuse, gluante & brillante ; ainsi on peut les suivre à la trace jusques dans leur retraite. On dit que ces animaux n’ont point d’yeux ; mais que sont donc ces deux points noirs, qui brillent à l’extrémité de leurs cornes ? Comment vont-ils si bien en ligne droite sur le fruit ? Sont-ils simplement attirés par l’odorat ? Quoi qu’il en soit, il n’est pas moins vrai qu’ils causent beaucoup de dégâts.

Les limaces & les limaçons se retirent pendant le jour sous les feuilles des arbres, dans les haies, sous les bancs, sous les pierres, & courent pendant la nuit ; s’il survient une pluie chaude pendant le jour, ils se mettent également en marche, & vont marauder. C’est alors le cas de visiter ses