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charnue, dans laquelle est un noyau ovale, pointu & sillonné.

Feuilles. Simples, entières, oblongues, fermes, épaisses, luisantes, portées par des pétioles, avec deux glandes sur le dos.

Racine. Rameuse & ligneuse.

Port. Arbre qui s’élève assez haut, suivant le climat qu’il habite ; son écorce est lisse & d’un verd-brun ; les fleurs sont disposées en grappes pyramidales, plus courtes que les feuilles, & naissent de leurs aisselles ; les feuilles sont toujours vertes & placées alternativement sur les tiges.

Lieu. Apporté de Trébisonde en 1576, aujourd’hui naturalisé dans les jardins, & sur-tout dans ceux des provinces méridionales. Fleurit en mai & juin.

Propriétés. Les fleurs & les feuilles ont le goût & l’odeur de l’amande amère. Communément on met sur une pinte de lait deux ou trois feuilles, pour lui donner un goût amandé. Cette petite sensualité peut devenir très-funeste si on augmente la dose. Ces feuilles alors causent des coliques, des convulsions, & souvent la mort. L’eau distillée des feuilles, est un poison décidé, soit pour les hommes, soit pour les animaux. Il est beaucoup plus prudent de ne jamais employer ni feuilles, ni fleurs, ni fruits de cet arbre.

Culture. Il a deux variétés, l’une à feuilles panachées en jaune, & l’autre panachées en blanc. On multiplie ces arbres par semences, par marcottes, & on greffe les variétés panachées sur le laurier-cerise ordinaire.

On sème les graines aussitôt qu’elles tombent de l’arbre, & elles germent facilement au printemps suivant. Cet arbre n’exige aucune culture particulière, il demande seulement de bons abris dans nos provinces du nord. Le froid y fait souvent périr les tiges, mais il en repousse de nouvelles des racines. Dans les provinces du midi on en fait des berceaux, les branches sont flexibles, & se prêtent à la direction qu’on veut leur faire prendre. Ces cabinets, ces berceaux de laurier-cerise sont agréables, parce que les feuilles sont toujours vertes & en assez grand nombre pour procurer un ombrage agréable. D’ailleurs leur couleur d’un verd gai leur mérite la préférence sur presque tous les autres arbres toujours verds, ordinairement d’une couleur verte triste & brune. Je crois m’être apperçu qu’il n’est pas très-sain de demeurer longtemps, & pendant les grosses chaleurs de l’été dans ces cabinets. Il s’en exhale une odeur forte, qui porte souvent à la tête, & même provoque les nausées. Je ne sçais si dans le nord on éprouve le même effet par la transpiration de la plante.


Laurier-Rose. Von Linné le classe dans la pentandrie monogynie, & le nomme Nerium Oleander. Tournefort le place dans la cinquième section de la vingtième classe destinée aux arbres à fleur d’une seule pièce, & dont le pistil devient une espèce de silique ; il le nomme Nerion floribus rubescentibus.

Fleur ; grande, en forme d’entonnoir, le tube cylindrique, les bords de la fleur divisés en cinq découpures larges. On remarque un nectar à l’ouverture du tube, formant une couronne frangée : le calice très petit, divisé en cinq parties égales.

Fruit. Espèce de silique, composé