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chissans & anti-putrides. Mais, pourquoi recourir à toutes ces préparations longues, lorsque l’eau, le vinaigre & le miel suffisent ? C’est qu’on croit augmenter l’efficacité du remède par la multiplication & la préparation des drogues.

Une des plus heureuses découvertes de ce siècle, est sans contredit celle des différentes espèces d’air. (Voyez ce mot) Ici la physique est venue au secours de la médecine, & lui a fourni un des plus grands remèdes contre la putridité. On donne aujourd’hui des lavemens d’air fixe, qui produisent les plus grands effets. Il est fâcheux que l’appareil pour obtenir cet air, ne soit pas à la portée des habitans de la campagne. Cet air s’unit très-bien avec l’eau simple, & cette eau, imprégnée d’air, donnée soit en boisson, soit en lavement, est le remède le plus efficace dans les maladies putrides, même inflammatoires. Le succès a surpassé mes espérances sur les hommes comme sur les animaux.


Des lavemens toniques.


Toutes les plantes odoriférantes, comme le thim, le romarin, le serpolet, la lavande, la camomille romaine, &c. peuvent servir à la décoction du lavement. Si on veut le rendre purgatif, on y ajoutera du sucre rosat, ou une décoction de séné, ou des sels neutres, ou même du sel de cuisine.

On appelle lavement carminatif, ou propre à expulser les vents, celui que l’on compose avec la décoction de camomille, de mélilot, de coriandre, d’anis, de baies de genièvres, &c., avec le miel commun. Ce lavement est tonique, & il fait rendre beaucoup de vents mais n’est-ce-pas en augmentant encore leur nombre ? J’ai toujours vu que des lavemens émoliens diminuoient beaucoup l’irritation des intestins, & que l’air y étant moins raréfié par la chaleur, les vents sortoient sans peine. Il est très-prudent de faire rarement usage des remèdes incendiaires. Il est des cas cependant où les lavemens actifs sont d’un grand secours. Par exemple, dans l’apoplexie d’humeur, alors prenez séné, coloquinte, de chacun une once ; ajoutez à la colature deux onces vin-émétique trouble. Comme il est possible qu’on n’ait pas sous la main, & dans une circonstance où les momens sont précieux, les substances dont on vient de parler, on peut les suppléer par une décoction de deux onces de tabac, soit en feuilles sèches, soit en corde, soit en poudre, & encore mieux par un lavement de fumée de tabac, dont il sera question à l’article Noyé.

Dans les fièvres, on donne des lavemens avec la décoction du quinquina.


LAURÉOLE MÂLE. (Voyez planche V, page 225). Tournefort la place dans la première section de la vingtième classe, destinée aux arbres à fleurs d’une seule pièce, & dont le pistil devient un fruit mou, rempli de semences dures ; il l’appelle Thymelca lauri-folio semper virens, seu laureola mas. Von Linné la nomme Daphne laureola & la classe dans l’octandrie monogynie.

Fleur. Le n°. 1 représente une branche de la lauréole mâle. La fleur est d’une seule pièce, sans calice ; la corolle est presqu’en forme d’entonnoir.