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Lavemens raffraîchissans & antiputrides.


Le lavement le plus commun est celui qui est fait avec l’eau simple. Il suffit dans les constipations & les inflammations légères. On peut suppléer à l’eau simple par la décoction de mauve ou de pariétaire, ou de mercuriale, &c. Si la saison empêche de cueillir ces plantes, ou si on ne les connoît pas, on fera dissoudre dans l’eau un peu de gomme arabique ou de cerisier, d’abricotier, de pêcher, &c. ; ou on fera bouillir de la graine de lin. C’est en raison de leur mucilages que ces substances agissent & rendent l’expulsion des excrémens plus facile. L’eau relâche l’intestin, & le mucilage le tapisse. Prenez une once de graine de lin, ou demi-once de gomme, ou une poignée des plantes indiquées, faites les dissoudre dans l’eau chaude, ou faites-en une décoction, & vous aurez un lavement adoucissant.

Si on désire qu’il calme davantage l’irritation des intestins, il suffit d’ajouter un peu de vinaigre, jusqu’à ce que l’eau acquiert une agréable acidité. On ne peut trop recommander ce remède, soit pour les hommes, soit pour les animaux, dans toutes les maladies putrides & inflammatoires, & il peut suppléer tous les autres de ce genre. L’eau de poulet en lavement est très-rafraîchissante ainsi que l’eau de son.

Bien des gens regardent l’huile d’amande douce comme très-adoucissante ; elle ne l’est pas plus que celle d’olive nouvelle. C’est en raison de leur mucilage que l’une & l’autre agissent, & elles le déposent en viellissant. Cette perte du mucilage est la première cause de leur rancidité, & en été l’huile d’amandes est rance souvent après quinze jours. Toute huile dont la saveur est déjà forte, est âcre & irritante. Ainsi, cette substance devient, dans cet état, âcre, irritante, & produit un effet tout opposé à celui que l’on attendoit, & la prudence exige que l’on s’assure de la qualité de l’huile avant de l’employer.

Les lavemens, même simplement composés d’eau, produisent de très-bons effets, dans les ardeurs & les rétentions d’urine ; leur action est encore plus marquée si on y ajoute un peu de vinaigre. On le répéte, le vinaigre seul & uni à l’eau d’une décoction mucilagineuse, est de tous les remèdes de ce genre, celui que l’on doit préférer, soit pour rafraîchir, soit pour s’opposer aux effets de la putridité & de l’inflammation.

Les maladies épizootiques qui se manifestent pendant l’été, sont toutes putrides ou inflammatoires, & souvent l’une est effet de l’autre. Dans ces cas, donnez ces lavemens au nombre de cinq ou six par jour ; continuez & ne diminuez ensuite leur nombre qu’en raison de la diminution des symptômes de la maladie ; mais n’employez jamais les huileux, mettez à leur place les décoctions des plantes mucilagineuses ou les substances gommeuses. Dans plusieurs épizooties j’ai souvent dû, presque aux seuls lavemens, la guérison des animaux. On peut ajouter le miel en décoction, & supprimer les plantes mucilagineuses… Les graines de concombres, de courges, démêlons, les amandes pilées ; en un mot, leur émulsion servent aux lavemens rafraî-