lition, jettez-y crème de tartre pulvérisée, huit grains ; passez le mélange à travers un linge fin & propre, sans exprimer ; filtrez la colature à travers le papier gris, & vous aurez le petit-lait clarifié.
Ce travail demande la propreté la plus rigoureuse, parce que de toutes les substances, le petit-lait est une de celles qui fermentent le plus aisément, & par conséquent qui se détériorent avec la plus grande facilité. On doit donc chaque jour laver dans une lessive faite de cendres, tous les vaisseaux en bois destinés à cet usage ; & à plusieurs reprises dans l’eau commune, les vaisseaux en verre ou en fayance, & les tenir renversés, afin qu’il n’y reste aucune humidité. L’étamine ou le filtre exige les mêmes précautions.
IV. Des différentes qualités de lait. Celui de femme est le plus nutritif & le plus agréable de toutes les espèces de lait ; il mérite la préférence dans la plupart des maladies où cette liqueur est recommandée, à cause de son analogie avec la constitution de l’homme. Il se digère facilement, restaure promptement les forces vitales & musculaires ; mais dans un très grand nombre de maladies auxquelles ce lait convient, il est dangereux & très-dangereux de faire tetter une nourrice ; elle risque d’être bientôt attaquée de la maladie de celui qui la tette. Cet inconvénient a fait recourir à plusieurs autres laits.
Le lait d’ânesse est moins abondant en fromage & en beurre, que celui de femme, & il contient une plus grande quantité de petit-lait.
Le lait de jument est plus sucré que celui d’ânesse : on y trouve moins de beurre & de fromage.
Le lait de vache est très-chargé de beurre & de fromage, relativement à la quantité de petit-lait.
Le lait de chèvre fournit plus de fromage, moins de beurre & de petit lait.
Le lait de brebis contient plus de fromage, moins de beurre & de petit-lait que les précédens. Tel est en substance le résultat des expériences faites par M. Vitet, célèbre Médecin de Lyon. Ceux qui les répéteront après lui, trouveront ces assertions, prises en général, très-vraies, mais elles varieront suivant la manière de nourrir les animaux, & suivant la qualité de l’herbe qu’on leur donne ou qu’elles pâturent.
Il est bien reconnu aujourd’hui que le lait d’ânesse se digère facilement, qu’il ne fatigue pas l’estomac, qu’il nourrit peu ; c’est pourquoi on doit le donner à plus grande dose que les autres. Il calme sensiblement l’irritation des branches pulmonaires, & tient le ventre libre.
Le lait de jument nourrit davantage : il paroit produire le même effet que le précédent.
Le lait de vache donne souvent une douleur gravative aux estomacs foibles, constipe & se digère mal. Son usage cause des coliques, la diarrhée, & quelquefois le vomissement.
Le lait de chèvre, assez analogue à celui de vache, le supplée dans les provinces où les vaches sont peu communes : il en est ainsi de celui de brebis.
Avant de parler du lait de femme, il est important de combattre une fausse opinion dans laquelle on est, lorsque le lait ne passe pas. On dit qu’il se caille dans l’estomac, &