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plus rude que celle du Santerre, mais on prétend que les eaux de la petite rivière du Terrein ont la propriété d’adoucir cette rudesse ; celles de Soissons & de Noyon ont le mérite d’être plus douces que les toisons du Laonois & de la Thiérache. Le poids commun des toisons est de quatre à cinq livres non lavées, & la longueur des mèches de cinq à six pouces : ces laines sont plus droites que frisées.

Artois, Hainault & Flandres. L’Artois est presque par-tout uni & plat, & c’est ici que commencent les Pays-bas. La température de l’Artois est par tout assez égale : il y a peu de bois, peu de soins ; les pâturages y sont médiocres dans le pays plat, le surplus se rapporte à ce qu’on voit en Flandres. Plusieurs donnent le nom de mouton d’Artois à une branche de bêtes à laine à oreilles pendantes, plus grosse que le mouton Vermandois, & moins forte que le mouton Flamand, parce qu’elles sont assez communes en Artois ; mais, attendu qu’on trouve dans bien d’autres pays de ces oreilles pendantes, il suffit d’observer qu’on en voit dans l’Artois.

Les bêtes blanches qu’on élevé dans le Hainault sont des branches de l’espèce de Thiérache & de la petite race de Vermandois, longue de trente pouces.

La Flandres est une partie des Pays-bas, supérieure au reste de la France en bétail & en pâturages. Les premiers moutons qu’on fit passer des Indes en Flandres par la Hollande, furent regardés comme un effort de la nature, qui s’étoit surpassée dans ce genre de production. Ces bêtes parurent d’abord un objet de curiosité. L’on ne soupçonna pas qu’il fût possible de les multiplier au point d’en peupler la plus grande partie de la Flandres. Ces brebis donnoient alors sept agneaux ; cette fécondité diminua à mesure que l’espèce se perfectionna. Les brebis flandrines ne donnent plus qu’un agneau, deux au plus, & dans ce cas on prend le parti d’enlever le moindre, afin que celui qui reste profite mieux, & que le tempéramment de la mère ne soit pas affoibli. Lorsque les femelles donnoient cinq agneaux, leur laine étoit moins belle, les élèves moins forts de corsage, moins robustes, & plus sujets aux maladies. Le mouton flamand, soigné & tenu proprement, réunit dans son état actuel toutes les perfections des autres, sans en avoir les défauts. Une démarche libre & ferme, un port avantageux, un corsage bien proportionné dans toutes ses parties, annoncent une bonne constitution, un tempéramment robuste, exempt des maladies si communes aux espèces plus délicates ou plus foibles.

Les autres races se distinguent par un corsage allongé, menu, efflanqué ; d’autres par une raille ramassée : ceux-ci par un large collier, de longues soies, ou par un toupet de laine au-dessus du front : ceux-là par une couleur rousse de la tête & des pieds, par des taches noires ou grises qui détériorent leurs toisons ; par des cornes ou par une qualité de laine rousse & jarreuse, ou enfin par un naturel sauvage ou timide qui les rend difficiles à garder. Le mouton flamand ne poste aucun signe qui le défigure, tout est assorti dans les parties qui le constituent ; sa laine est non-seulement blanche & sans tache, mais cette blancheur est aussi d’un bel éclat.

Les plus grands mourons de Flan-