Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des autres va en diminuant depuis trente jusqu’à vingt-cinq pouces.

Le mouton de Poitou est bien pris dans sa taille ; il n’est ni court, ni élancé ; il a la tête longue & fine. On en voit peu qui aient des cornes ; les bergers les coupent aux agneaux, lorsqu’il leur en pousse. C’est une opinion dans ce pays qu’il faut châtier de bonne heure pour empêcher les cornes de pousser.

La bonne laine du Poitou étant courre & frisée, rend peu d’étaim. Les bêtes à toisons noires sont aujourd’hui rejetées. Les bonnes brebis portières, bien nourries & bien soignées, vivent huit à neuf ans, & on vend à la quatrième ou à la cinquième année les moutons à l’engrais.

La méthode de parquer pendant l’été a seulement lieu à la plaine. Dans les marais, on a l’attention de séparer les jeunes bêtes qui n’ont pas encore trois ans, d’avec celles d’un âge plus avancé. On réserve aux premières les plus fins pâturages.

Il arrive dans le Maine, aux bêtes transplantées, la même chose qu’aux moutons d’Espagne à toisons fines, lorsqu’on les fait passer en Angleterre. Les mèches des toisons s’allongent & deviennent propres au peigne.

On distingue en Poitou deux espèces de laine, celle du marais & celle de la plaine. La laine de marais, grossière & longue de trois à quatre pouces, est de moindre valeur que celle de la plaine, qui, en général a le mérite d’être fine, courte, frisée & rarement mêlée de jarre. Ses mèches ont depuis deux jusqu’à deux pouces & demi lors de la tonte : elles approchent de celles de Champagne & du Berry. On en tire si peu d’etaim, qu’à peine trouve-t-on dans dix balles de quoi en composer une de laine propre au peigne,

IX. Saintonge & pays d’Aunis. L’aspect du pays est agréable par la variété des collines, des plaines coupées de ruisseaux, & par des rivières qui traversent & qui arrosent les prairies des vallons. Les bords de la mer sont plats & coupés d’une infinité de canaux, pour dessécher les marais à eau douce, ou pour fournir l’eau de la mer aux marais salans. Les troupeaux y trouvent toutes sortes de pâtures & un climat tempéré.

Les troupeaux se partagent en deux classes générales, les uns se nomment moutons de grois, & se rapportent à ceux de la plaine du Poitou, & les autres s’appellent moutons de marais. Le grois est long de vingt-deux à trente pouces, & pèse vingt-deux, vingt-cinq & trente livres : celui de maraisest un peu moins long que celui de Poitou, & pèse de quarante-cinq à cinquante livres au plus.

Les laines de la Saintonge & du Rochelois ne diffèrent pas de celles du Poitou. On vend les toisons l’une dans l’autre à raison de dix sols la livre surge, & de vingt sols la laine lavée. Celles de l’isle de Rhé, longues d’un pouce & demi, & même de deux pouces, ont la réputation d’être plus fines & plus soyeuses : elles se vendent quatre à cinq sols de plus par livre, & rendent plus d’étaim que celles de Poitou.

Les troupeaux sont en trop petite quantité dans l’Angoumois, pour en parler.

X. La Bretagne. En général, les Bretons n’ont aucun soin de leurs