la livre en suint, mais elles perdent peu de leur poids au lavage.
III, Du Dauphine & de la Provence. Ces deux provinces ont ceci de commun, que leurs meilleures bêtes à laines occupent les territoires voisins de la côte orientale du Rhône. En Provence, en Dauphiné, ainsi que dans le Roussillon & le Languedoc, on distingue deux classes générales de pâturages, ceux d’hiver à la plaine, & ceux d’été à la montagne.
Le climat du Dauphiné, plus tempéré que celui d’Espagne, est en même-temps plus avantageux que celui du Roussillon. La plupart de ces montagnes sont couvertes d’une herbe fine & saine, & dont on ne peut tirer parti que pour la dépaissance des troupeaux.
Les Provençaux connoissent très-bien la propriété de ces montagnes, ils y conduisent tous les ans plus de deux cens mille bêtes, qui y passent sept mois de l’année. Le Gapençois est la partie du Dauphiné la plus abondante en herbe.
Les pâturages des plaines l’emportent en finesse & en qualité sur ceux des montagnes. Les cultivateurs de la province, s’accordent à donner le premier rang aux herbes de la plaine de Bayonne & du nord de Valence. La plaine de Valoire, le coteau du Viennois, le long du Rhône & jusqu’à la côte de saint André, produisent des herbes presqu’aussi saines.
Les pâturages de Provence ne valent pas ceux du Dauphiné, l’herbe en est trop sèche. Il faut en excepter la Crau & la Camargue. La plaine de la Crau est de sept à huit lieues, & elle commence au-dessous d’Arles ; son sol est couvert de cailloux, entre lesquels il croît de très-bonnes herbes.
Les moutons en profitent par préférence au gros bétail, parce qu’ils ont l’instinct de détourner avec leurs pieds & de lever avec le nez les pierres qui les empêchent de pincer l’herbe.
La Camargue est un petit pays situé au-dessous des deux villes de Tarascon & d’Arles ; sa base est baignée des eaux de la mer & des eaux qui s’y déchargent par les sept bouches du Rhône. Ce territoire, meilleur encore que celui de la Salangue & du Riveral du Roussillon, conserve en été un air frais & des pâturages abondans, & les troupeaux n’y souffrent pas de la chaleur.
Les bêtes qui vivent habituellement dans ce pays, porteur des toisons très-nettes, très-blanches, au lieu que celles de la Crau les ont sales & chargées de suint. Le bon mouton de la Crau, engraissé en Camargue, a la viande presque aussi recherchée que celle du mouton de Gange en Languedoc.
Tant que les chaleurs ne sont pas accablantes, & que la santé des bêtes ne souffre pas, on les laisse à la plaine, mais ensuite on les conduit aux montagnes de la haute Provence, du Dauphiné & du Piémont.
Les meilleurs troupeaux de la Provence & du Dauphiné rentrent dans les deux classes de moyenne & de petite taille, depuis vingt-deux jusqu’à trente & trente-six pouces.
Un mouton de la Crau & de la Camargue, de taille ordinaire, est long de trente à trente-trois pouces, & pèse, gras, trente & trente-six livres, dépouillé & vuide. Les bêtes de petite taille, de vingt à vingt-deux pouces, pèsent ordinairement vingts cinq livres.