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nement lui en a procuré de toutes les provinces de France, & de chaque pays étranger où les brebis & les béliers ont de la réputation. Peu à peu il a enrichi les races médiocres, ennobli celles déjà riches ; enfin il est parvenu à avoir des laines superfines, qui le disputent en beauté, en qualité, aux plus parfaites d’Espagne ou d’Angleterre. Les draps fabriqués avec ces laines, sont de la qualité la plus supérieure. Ô homme précieux à la nation, recevez ici le tribut de louanges que vous méritez, & que votre modestie refuse ! Votre nom immortel sera placé avec ceux des bienfaiteurs de la patrie.

M. Daubenton a considéré que le perfectionnement des laines ne seroit général en France qu’autant que les bergers seroient instruits. À cet effet, il vient d’établir une école pour eux, & il leur apprend, l’expérience sous les yeux, que les bergeries sont la première cause de l’appauvrissement de la laine. Son école est établie près de Mont-Bard en Bourgogne, & sa bergerie est une vaste enceinte fermée de murs. On lui doit déjà un excellent ouvrage, par demandes & par réponses, intitulé : Instruction pour les bergers & pour les propriétaires des troupeaux, à Paris, chez Pierres, rue Saint-Jacques. Il promet encore plusieurs traités en ce genre. Il seroit à désirer que cet ouvrage précieux, écrit avec la plus grande simplicité & clarté, fût répandu aux frais du Gouvernement dans toutes les paroisses du Royaume : c’est le seul & unique moyen d’étendre promptement les connoissances. Il ne reste plus qu’à distribuer de bons béliers dans les provinces du royaume aux propriétaires qui auront des bergers à l’école de M. Daubenton.


CHAPITRE II.

Des moyens de perfectionner les laines.


La France est peut-être de tous les royaumes celui où il est le plus facile d’élever un grand nombre de troupeaux, & de qualité supérieure, sans nuire à l’agriculture : ce qui sera prouvé dans le chapitre suivant par l’énumération de la qualité des troupeaux dans nos différentes provinces, & par celle de leur laine. Le particulier n’y aura pas, il est vrai, un troupeau de 1000 bêtes ; mais la multiplicité des petits troupeaux, chacun suivant l’étendue de ses possessions, équivaudra au grand nombre réuni en masse. Deux choses concourent au perfectionnement des laines, 1°. le climat & l’habitude des bêtes d’être sans cesse exposées au grand air ; 2°. le croisement des races supérieures en qualité, avec les races inférieures.


Section Première.

Du climat.


Jettons un coup-d’œil rapide sur la position des provinces de France. La Provence a deux climats bien différens, celui de l’hiver le plus tempéré dans le pays bas, & les montagnes de la haute Provence, fourniront pendant l’été des pâturages abondans & sains. La partie du Languedoc, qui avoisine la mer, est dans le même cas que la Provence. Les montagnes du Velai, des Cevènes,