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la dose de quatre onces. M. Vitet conseille ce dernier remède ; quelques-autres auteurs ont proposé l’usage interne des préparations mercurielles & antimoniures ; mais dans ce cas, la chair de l’animal est très suspecte. M. T.


LAINE. Espèce de poil qui couvre la peau des moutons, des brebis, des agneaux, & de quelques autres bêtes. Il ne sera question dans cet article que de celle des trois premiers. La masse de laine qui se lève tout d’une pièce lorsque l’on tond l’animal, se nomme toison.

La laine est une matière souple & solide, qui nous procure la plus sûre défense contre les injures de l’air. Les poils qui la composent, offrent des filets très-déliés, flexibles & moelleux. Vus au microscope, ils sont autant de tiges implantées dans la peau par des radicales. Ces petites racines qui vont en divergeant, forment autant de canaux qui leur portent un suc nourricier que la circulation dépose dans des follicules ovales, composées de deux membranes ; l’une externe, d’un tissu assez ferme & comme tendineux ; l’autre interne, enveloppant la bulbe. Dans ces capsules bulbeuses, on apperçoit les racines des poils, baignées d’une liqueur qui s’y filtre continuellement, outre une substance moelleuse qui fournit amplement la nourriture. Comme ces poils tiennent aux houpes nerveuses, ils sont vasculeux, & prennent dans des pores tortueux la configuration frisée que nous leur voyons sur l’animal.

Avant l’invention des toiles de fil, dont l’usage habituel remonte peu au-delà avant Jules-César, les étoffes de laine étoient plus recherchées, parce que rien ne pouvoit les suppléer ; mais aujourd’hui les étoffes de soie & de coton en ont singulièrement diminué la consommation. La qualité de ces objets, plutôt de luxe que d’utilité réelle, ne défendra jamais aussi-bien l’homme contre les injures des saisons, que la laine. De toutes les matières connues, elle est celle qui tient le plus chaud, & l’étoffe qu’on en fabrique, est celle qui dure le plus. La beauté & la bonté de la laine tient à l’espèce du troupeau, au pâturage qui le nourrit, au climat qu’il habite, & à la manière dont il est soigné & conduit : c’est ce qu’il faut démontrer.


Plan du Travail.


CHAP. I. Précis historique du perfectionnement des laines.
CHAP. II. Des moyens de perfectionner les laines.
Sect. I. Du climat.
Sect. II. Du croisement des races de qualité supérieure, avec celles de qualité inférieure.
CHAP. III. Est-il possible de perfectionner les laines en France, & quelles sont les qualités des laines actuelles.
Sect. I. De la possibilité de perfectionner les laines en France.
Sect. II. Des qualités des laines actuelles des troupeaux & des pâturages dans le royaume.


CHAPITRE PREMIER.

Précis historique du perfectionnement des laines.


Il est inutile de remonter au temps des patriarches, quoique leur richesse consistât dans les troupeaux ; de par-