sous l’endroit où la terre est déjà soulevée ; labourez de manière que ce second sillon reporte encore plus en dedans la terre qui sera soulevée, & une partie de celle qui l’a déjà été. Continuez le sillon tout près du premier, c’est-à-dire, labourez serré, & ainsi de suite, en contournant toujours le champ, comme dans les deux premiers sillons. Il faut avoir grande attention que la terre ne retombe pas dans le sillon qui est déjà fait. Vouloir tout à la fois renverser beaucoup de terre contre l’intérieur du champ, ce seroit faire des amoncellemens préjudiciables, & il seroit impossible d’aller jusqu’au centre de ce champ. Ce déplacement de terre est l’ouvrage du temps ; mais comme il ne coûte pas plus de labourer d’une façon que d’une autre, je préfère celle-ci. On convient cependant que le milieu du champ sera mal labouré, parce que les spirales seront trop courtes, & une partie restera plus basse que le reste. Comme personne ne possède un champ parfaitement rond, il sera possible de porter sur ce milieu une partie de la terre des angles qu’on n’aura pas pu labourer de la manière que je propose.
Les valets s’opposeront à cette méthode : ce n’est pas la coutume du pays, vous diront-ils ; le grand point est de leur en faire naître l’idée, & de leur persuader qu’elle vient d’eux. Lorsqu’ils sont rassemblés, ayez l’air de les consulter ; proposez-leur plusieurs expédiens, bons ou mauvais ; engagez-les à les discuter entr’eux ; laissez-leur appercevoir celui auquel vous voulez venir, & dès que l’un d’entr’eux aura approché du but, louez-le, paroissez saisir son idée, & commentez-la avec eux tous ; enfin échauffez leur imagination sans avoir l’air de trop vous en occuper. Recommandez-leur d’y réfléchir, & assurez-les bien que vous ferez ce qu’ils voudront. La réussite alors est assurée. Si au contraire vous agissez d’autorité, ils abîmeront vos bêtes par un travail inutile, & la besogne sera mal faite, très-mal faite & manquée pour toujours.
Le premier point est de chercher tous les moyens possibles & les moins coûteux, afin que le parallélisme du champ cesse d’être préjudiciable ; une fois obtenu, abandonnez les labours à planches & à billons ; labourez à plat, & multipliez les rigoles ou sang-sues.
2°. De l’inclinaison du champ. Avant d’entrer dans aucun détail, il convient de parler des rigoles ou sang-sues.
La rigole est un petit fossé d’écoulement, creusé par le soc de la charrue, & dont la terre est soulevée sur le bord par son oreille. Communément on se sert d’une charrue à deux oreilles ; mais dans tous les cas, on passe deux fois, afin de rendre le sillon plus large & plus profond.
La disposition & la direction des sang-sues (ce mot est également reçu dans plusieurs de nos provinces), ne peuvent être ici déterminées ; elles dépendent entièrement du local & de son niveau de pente.
Cette opération en général est toujours très-mal faite. On commence par ouvrir une rigole principale sur toute la longueur du champ, & on dispose les autres en manière de patte d’oie, qui y viennent abou-