examiné ses effets. Si on place sous un récipient rempli d’air fixe, un petit vase quelconque avec de la terre, & nouvellement ensemencée, l’air fixe, cet air mortel sera absorbé par les graines à mesure qu’elles germeront, & rendu pur & respirable : celui de la neige, & celui qui se seroit échappé de la terre sans la neige, produit le même effet sur les plantes du champ. Elles ne travaillent pas en-dessus, puisque l’air ambiant est trop frais ; mais leurs racines poussent avec force, & infiniment plus à cette époque que dans toute autre : vérité palpable, qui démontre jusqu’à l’évidence la nécessité du labour avant l’hiver, & du labour aussi-tôt après l’hiver, afin de mélanger cette couche supérieure de terre avec l’inférieure, & l’enrichir.
J’ai conseillé un troisième labour après l’hiver, c’est-à dire à l’époque que la plus grande partie des graines qu’on appelle mauvaises herbes, aura germé, sera sortie de terre, & même avancée en végétation jusqu’au point d’être fleurie, parce qu’alors ces herbes sont dans leur plus grande force, rendent infiniment plus de principes à la terre qu’elles ne lui en ont dérobé. On ne doit jamais perdre de vue que la terre végétale ou humus, ou terre soluble dans l’eau, enfin cette terre précieuse, l’ame de la végétation, n’est autre chose que la terre qui a déjà servi à la charpente des végétaux & des animaux ; que c’est la seule qui sustente la végétation, & la seule qui entre dans la composition de la sève ; car la terre-matrice n’est que son réceptacle, & n’est rien par elle-même.
J’appelle ces trois labours préparatoires, parce que, suivant moi, ils n’ont pour but que d’empêcher, 1°. les mauvaises herbes de grainer ; 2°. de les enfouir, afin de créer de leurs débris la terre végétale ; 3°. pour mettre la terre dans une disposition de s’imprégner des effets des météores. Les labours dont il va être question méritent d’être appellés labours de division, c’est-à-dire, propres à diviser la terre déjà soulevée par les travaux précédens, à en briser les mottes, en un mot, à la rendre assez meuble & assez atténuée pour que la radicule du grain qui sera semé, puisse pivoter avec facilité & promptement à cinq à six pouces de profondeur ; enfin, pour que les racines latérales & chevelues ne trouvent aucun obstacle à s’étendre & à se multiplier.
Les labours de division doivent être faits coup sur coup, c’est-à-dire, qu’il faut labourer, croiser & recroiser en tout sens jusqu’à ce que la terre soit assez ameublie, & semer aussi-tôt pardessus. Si les trois premiers labours, & sur-tout le second & le troisième, ont été donnés à la profondeur convenable ; s’ils ont été donnés, non en croix, mais sur des lignes très-obliques les unes à l’égard des autres, il est clair que toute la masse de terre aura été soulevée & bien soulevée, puisqu’on aura eu le choix du temps où la terre n’aura été ni trop sèche, ni trop humide, & par conséquent elle ne sera ni trop dure, ni soulevée en mottes. Si au contraire, d’après le système de plusieurs auteurs modernes, qui font consister toute l’agriculture en labours multipliés, on n’a cessé de labourer le même champ à intervalles très-rapprochés, il résultera de ces labours multipliés, 1°. le dérangement de