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bres, & surtout avec la bâle des blés, orge, avoine &c. Si on est privé de ces secours, le dernier parti à prendre, est de couvrir le pied de l’arbre, à une circonférence de trois à quatre pieds avec des cailloux, des pierres, qu’on enlèvera dès que les grandes chaleurs ne seront plus à redouter.

Si le fond du sol est trop humide naturellement, c’est un grand malheur pour un jardin fruitier ; le seul remède est d’ouvrir de grands fosses d’écoulement dans la partie la plus basse du iardin, ou non loin des arbres & à une profondeur au dessous de leurs racines dont on remplira le fond avec des pierrailles & des cailloux.

Si l’arbre jaunit par vieillesse, il faut le suppléer par un autre, & si la terre est épuisée, changer & transporter l’ancienne, enfin remplir le grand creu avec de la nouvelle. Les gazonnées produisent de très-bons effets.

L’arbre dont on a étronçonné, mutilé les racines avant de le planter, est très-sujet à la jaunisse, parce qu’il ne peut plus produire que des racines latérales, peu profondes, & par conséquent sujettes à éprouver les effets de la sécheresse. Les pommiers & poiriers greffés sur coignassiers, sont dans le même cas par la même raison.

Les jeunes arbres exposés au gros midi contre un grand mur, éprouvent trop de chaleur dans leur tronc, & leurs feuilles jaunissent. Une planche, une douve, dont on recouvrira le tronc, préviendra la maladie.

Lorsqu’on découvre les racines pour connoître la cause du mal, produit soit par les insectes, soit par la moisissure & noirceur des racines, &c. il faut commencer par visiter celles d’un côté, & procéder ainsi de suite ; mais à chaque fouille remettre de la terre neuve & bonne. Lorsque l’on trouve l’origine du mal, il faut tuer les vers avec la serpette, enlever les parties mâchées, & cerner jusqu’au vif ; enfin supprimer jusqu’au vif les racines chancies, noires, &c. On doit bien se donner de garde de découvrir toutes les racines à la fois. Après ces opérations, on donne un bouillon à l'arbre (Voyez ce mot), afin de lui aider à réparer ses forces.


JET. C’est la pousse perpendiculaire d’un arbre pendant une année.


JETER. C’est un mot synonime de celui essaimer (Voyez ce mot).


JEUNE. Faire jeuner un arbre. Expression nouvelle, introduite dans la pratique du jardinage par M. l’abbé de Schabol. Voici comme il s’explique : « C’est une invention nouvelle pour empêcher qu’un arbre ne s’emporte tout d’un côté, tandis que l’autre côté ne profite point, & au contraire dépérit. On y remédie en ôtant toute la nourriture & la bonne terre au côté trop en embonpoint, mettant à la place de la terre maigre ou du sable de ravine, pendant qu’on fume & qu’on engraisse bien le côté maigre : de plus, on courbe un peu fortement toutes les branches du côté tros gras, & on laisse en liberté entière le côté maigre. Voilà ce qu’on appelle faire jeûner les arbres, & leur faire pratiquer l’abstinence & la diète ; c’est ainsi que sans tourmenter les arbres qui ne se mettent pas à fruit, sans