Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont jeunes, & le mal récent, on peut compter sur une parfaite guérison par l’usage des remèdes que nous allons indiquer.

Dès l’apparition des premiers symptômes, tels que la perte d’appétit, la chaleur, la couleur jaune de la conjonctive, & la difficulté de respirer, saignez l’animal à la veine jugulaire ; & réitérez la saignée selon la plénitude des vaisseaux, l’âge, l’espèce du sujet, & la constitution de l’air, donnez quelques lavemens composés de décoction d’orge & de sel de nitre, administrez des breuvages de petit lait, de l’infusion des feuilles d’aigremoine aiguisée avec du nitre ou du vinaigre ; mettez l’animal dans une écurie sèche & bien aérée, & donnez-lui pour nourriture du son humecté avec de l’eau nitrée, quant au bœuf & au cheval, & de sel marin pour le mouton. Si, cinq à six jours après ce traitement, la couleur jaune de la conjonctive se soutient, si l’appétit ne revient pas, si les excrémens deviennent jaunes & fluides, si la chaleur des tégumens & celle de la langue disparoissent, administrez les remèdes que nous allons prescrire dans la jaunisse de l’espèce suivante.

Deuxième espèce. Jaunisse froide.

Celle-ci s’annonce par la diminution des forces, la tristesse de l’animal, la perte de l’appétit, la couleur jaune des yeux, les vaisseaux de l’œi1 variqueux, la langue jaunâtre, la difficulté de respirer, la contraction plus ou moins forte des muscles du bas ventre, la froidure des tégumens, la petitesse des vaisseaux superficiels, la fluidité & la couleur jaune des matières fécales,, la répugnance de la boisson, & les battemens de l’artère maxillaire plus petits que dans l’état naturel.

Le bœuf, & encore plus le mouton, sont plus exposés à cette espèce de jaunisse que les autres animaux.

Nous rangeons parmi les causes les plus connues de la jaunisse froide, le passage subit du chaud au froid, les bains, la pluie après une course violente, la suppression de la transpiration, ou une sueur tout-à-coup arrêtée, une diarrhée suspendue par l’usage des remèdes astringens, les eaux impures & stagrantes pour boisson, les pâturages marécageux, la boisson trop copieuse, surtout chez le mouton, le long séjour dans les écuries humides & mal disposées, & les concrétions pierreuses dans le foie.

Loin de prescrire ici la même méthode de la jaunisse avec chaleur, nous recommandons au contraire l’usage du suc exprimé des feuilles de chélidoine, incorporé avec parties égales de miel, le savon incorporé avec suffisante quantité d’extrait de genièvre, de ciguë, à la dose de demi drachme pour le cheval, délayé dans une décoction de pariétaire, ou de garance, ou d’asperges, continués pendant neuf à dix jours, sans oublier les lavemens indiqués dans la jaunisse précédente.

Troisième espèce. Jaunisse par les vers.

Le foie du cheval, du bœuf, du mouton, contient des vers dont la figure & la grandeur varient selon l’espèce de l’individu. Leur multiplication est souvent si dangereuse, que la sécrétion de la bile se trouvant dérangée, son transport dans les vaisseaux bilifères est gêné, de-là le reflux de cette humeur dans le tor-