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tartre & la rhubarbe ; celle-ci pourroit être nuisible, si elle étoit donnée seule ; mais, en la combinant avec le nitre & le sel de Glauber, elle ne peut qu’être très-utile, en favorisant une plus grande évacuation de bile.

On appliquera sur la région du foie, des emplâtres résolutifs, tels que celui de savon camphré & celui de ciguë ; on y fera quelques frictions sèches, ou bien avec l’huile de rhue ou de camomille.

Il est encore très-avantageux de faire brosser la peau des malades, afin de terminer une transpiration plus abondante. Les martiaux, le quinquina, l’extrait de gentiane, propres à fortifier la constitution énervée, sont aussi dangereux quand ils sont donnés trop tôt, surtout quand il y a surabondance de bile. La petite centaurée produit de bons effets dans l’ictère, lorsque l’obstruction commence à se résoudre. M. AMI.


Jaunisse. Médecine vétérinaire. Si, dans un animal quelconque, la langue, les lèvres, l’intérieur des naseaux, & principalement la conjonctive présentent une couleur jaune, si les urines déposent un sédiment jaunâtre, les fonctions des organes de la digestion sont dérangées, en un mot, si l’animal rend ordinairement par l’anus des excrémens jaunes & fluides, quelquefois durs & secs, nous disons qu’il est atteint de l’ictère ou de la jaunisse.

Cette maladie arrive toutes les fois que la bile, préparée dans le foie, & reçue par les conduits biliféres, au lieu de passer continuellement de ce viscère dans les petits intestins, est obligée de rentrer dans le torrent de la circulation, & de passer en partie par les vaisseaux exhalans qui se terminent à la surface extérieure des tégumens, & en partie par les autres conduits excrétoires.

Nous distinguons trois espèces de jaunisse ; nous allons les décrire. Première espèce. Jaunisse avec chaleur.

Elle se manifeste par les signes suivans. L’animal est pesant, triste, accablé ; la chaleur de la superficie du corps est considérable, les veines qu’on apperçoit sur les tégumens, & principalement sur la cornée opaque, sont gonflées, sa langue est très-chaude, l’animal témoigne beaucoup de désir de boire frais dans les premiers jours de la maladie, ensuite la fièvre augmente, l’appétit diminue, la respiration est plus laborieuse, les oreilles deviennent froides, le poil se herisse, la conjonctive, la commissure des lèvres prennent une couleur jaune, les urines se colorent & sont plus ou moins troubles, en tirant ordinairement sur le brun obscur, & les excrémens sont plus souvent durs, secs & noirs, que fluides & de couleur jaune.

Les principes les plus fréquens de la jaunisse avec chaleur, sont l’eau impure & marécageuse, la longue exposition aux ardeurs du soleil, le passage subit d’un air chaud dans une atmosphère froide, un bain pris lorsque l’animal est couvert de sueur, enfin l’usage immodéré des plantes âcres & trop nutritives, &c.

Le bœuf & le mouton sont plus sujets à cette espèce de jaunisse que le cheval & l’âne ; le bouc & le cochon échappent rarement à cette maladie, s’ils sont foibles & âgés ; mais s’ils