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percussion des erruptions cutanées, comme les dartres, la gale, peuvent encore lui donner naissance,

La jaunisse, qui paroît avant le septième jour d’une maladie aiguë, est toujours symptomatique ; celle qui vient beaucoup plus tard, & qui termine la maladie est toujours critique.

La dureté de l’hypocondre droit est toujours d’un mauvais augure dans la jaunisse ; la démangeaison qui survient à la peau est un bon signe, & annonce toujours la guérison prochaine du malade, surtout si les urines sont chargées, épaisses, & déposent un sédiment. La jaunisse ne doit pas être regardée comme une maladie dangereuse : il est rare, lorsqu'elle est simple, d’y voir succomber les malades : lorsqu’il y a du danger, il est toujours produit par des causes accidentelles & particulières qui ont déterminé la jaunisse.

Résoudre les obstructions du foie, évacuer la bile surabondante, & fortifier la constitution énervée par le vice de la bile, sont les seules indications curatives que l’on doit se proposer dans cette maladie.

On parviendra à fondre & à résoudre les embarras du foie, en donnant des apéritifs & des résolutifs propres à l’organe affecté ; mais il faut plutôt faire précéder les émolliens & les bains. Ce n’est que dans la détente qu’on donnera les fondans. Le savon est un remède très-efficace ; la gomme ammoniac, dissoute dans l’oximel, a très bien réussi ; mais je ne connois pas de meilleur remède, dont les effets soient plus salutaires & plus prompts, que le suc des plantes chicoracées, de pissenlit, 8 autres plantes lactescentes qui sont de vrais savons naturels. Quand leur action est trop lente, on y combine le sel de glauber à la dose d’une drachme pour chaque verre, & de dix grains de terre foliée de tartre. L'infusion des feuilles de chélidoine dans du vin blanc sec, le petit lait bien clarifié & mêlé au suc de quelque cloporte, méritent les plus grands éloges. Les eaux minérales, gazeuses, aiguisées avec le sel de glauber sont souveraines dans leur effet contre l’ictère chaud ; mais on ne doit pas trop se presser de faire usage des apéritifs & des fondants ; en causant une fonte trop précipitée des humeurs, ils peuvent occasionner les accidens les plus graves.

L’émétique doit être donné de très-bonne heure, pour enlever les matières muqueuses & glutineuses qui obstruent les conduits biliaires. On doit même le répéter, s’il a déjà produit de bons effets.

On doit s’en abstenir lorsqu’il y a constriction spasmodique & érétisme dans les canaux biliaires, quoiqu’il semble indiqué par les nausées & le désir des malades ; il porteroit à l’excès la crispation & l’inflammation.

Il est encore contr’indiqué par la présence des pierres dans la vésicule du fiel, parce qu’il pourroit les faire passer dans le conduit choledocque, par les diverses secousses qu’il procure.

Les purgatifs ne doivent jamais être donnés dans le principe, ils seroient dangereux, & augmenteroient l’inflammation ; il faut attendre que la bile ait acquis une certaine fluidité ; ils doivent être pris dans la classe des minoratifs. On pourra purger les malades avec le tamarin, le sel policreste de Glaser, la crème de