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Jasminoïde de Barbarie ou de Chine. Lycium Barbarum. Lin. Il diffère du précédent par ses fleurs plus grandes, purpurines ; par ses étamines très-saillantes ; par ses feuilles, plus grandes, ovales, oblongues ; celles des rameaux ont à leur base deux petites folioles : ses tiges sont très-flexibles, surchargées de petits rameaux d’un joli effet pendant la fleur, à laquelle succède une baie d’un rouge oranger & éclatant.

On doit soutenir & treillager les tiges & les rameaux qui font chaque année des pousses vigoureuses & quelquefois surprenantes par leur longueur ; sans cette précaution elles rampent sur terre, & présentent un grouppe informe. Cet arbuste résiste aux grands froids, & il n’exige absolument aucune culture ; cependant si on le travaille au pied, s’il est fumé & arrosé dans le besoin, on est sûr de lui faire tapisser & couvrir, en moins de trois ans, un mur de huit à dix pieds d’élévation. Dans les provinces du midi, les charmilles, les faux, ou fayards, ou hêtres, réussissent très-mal ; on peut les suppléer par ce jasminoïde, & jouir bien promptement. Comme le roseau des jardins est très-commun dans ces provinces, on s’en sert pour faire les treillages contre les murs. Des cloux & du fil de fer suffisent pour fixer les tiges. Lorsque les feuilles sont tombées, c’est le moment de tondre la palissade ; on la tond une seconde fois au printemps, après la chûte des feuilles. Des rameaux surviennent, s’élancent, retombent de toutes parts, & fleurissent de nouveau en août, septembre & octobre ; comme les fleurs sont multipliées à l’infini, elles deviennent une ressource précieuse pour les abeilles qui accourrent de toute part. De semblables palissades font grand plaisir dans un pays où la verdure en masse est si rare.

On multiplie cet arbrisseau par couchées, par boutures simples, ou avec les drageons qu’il pousse de toute part.


JAVART. Médecine vétérinaire. Le javart, en général, n’est autre chose qu’un petit bourbillon, ou une portion de eau qui tombe en gangrène, & qui se détache en produisant une légère sérosité.

Dans le cheval, on a donné au javart différens noms, relativement à sa situation ; on l’a appellé javart tendineux, lorsqu’il étoit situé sur le tendon ; javart encorné, quand il occupait la couronne près du sabot ; mais cette dénomination n’étant pas suffisante, nous le distinguerons, d’après M. Lafosse, à raison des parties qu’il attaque, en javart simple, en javart nerveux, en javart encorné proprement dit, & en javart encorné improprement dit.

Les principes qui donnent naissance à ces différentes espèces de javart, sont les contusions, les meurtrissures, les atteintes négligées, l’âcreté des boues, la crasse accumulée, l’épaississement & l’acrimonie de l’insensible transpiration & d’autres humeurs, &c.

Le javart auquel le bœuf & le mouton se trouvent quelquefois exposés, s’appelle fourchet : nous n’en parlerons seulement qu’après avoir donné la description des signes & du traitement de chaque espèce de javart en particulier que l’on observe dans le cheval.