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section de la vingtième classe destinée aux arbres dont le pistil devient un fruit mou, à semences dures ; & il l’appelle jasminum vulgatiùs flore albo ; Von Linné le nomme jasminum officinale, & le classe dans la Diandrie Monogynie.

Fleur, d’une seule pièce, divisée en cinq folioles, ayant pour base un tube cylindrique, un calice à cinq dentelures ; le tout renferme deux étamines & un pistil.

Fruit, baie molle, ovalle lisse, à deux loges, renfermant deux semences, enveloppées d’une membrane.

Feuilles, ailées : les folioles ovales, en forme de fer de lance, terminé par une impaire plus longue que les autres.

Racine, rameuse, ligneuse.

Port, arbrisseau à tiges sarmenteuses, qu’on élève en palissade. L’écorce des troncs est brune, celle des rameaux verdâtre ; le bois jaune & dur ; les fleurs à l’extrémité des tiges ; feuilles opposées.

Lieu, originaire des Indes, naturalisé sur-tout dans nos provinces méridionales, où les plus grands froids peuvent faire périr les tiges, & non pas les racines.

Ce jasmin prouve ce que j’ai dit au mot espèce & ailleurs, qu’avec le temps & des soins, il est possible de naturaliser en France les plantes les plus indigènes. On le cultiva d’abord dans des vases qui furent renfermés avec soin dans les serres pendant l’hiver ; quelques drageons furent ensuite confiés à la pleine terre, & bien abrités ; enfin on voit aujourd’hui ce charmant arbrisseau servir aux palissades, aux tonnelles dans presque tous les jardins des provinces du midi & du centre du royaume : on le multiplie par marcottes, par drageons ; ils reprennent facilement. On greffe sur cet arbuste les autres jasmins.

Jasmin d’Espagne ou de Catalogne, ou à grandes fleurs. C’est le jasminum grandiflorum de Von Linné ; le jasminum Hispanicum flore majore externe rubente de Tournefort. Quelques curieux ont un jasmin d’Espagne à fleurs semi-doubles, ce qui établit une jolie variété à multiplier par la greffe : il diffère du premier par sa fleur du triple plus large, & dont les folioles sont moins allongées au sommet ; par le dessous de ces folioles, qui est rouge ; par ses feuilles plus larges, plus ovales. Von Linné observe que les trois dernières proviennent de la dilatation de leur queue ou pétiole ; de sorte qu’elles tombent toutes à la fois. Le tronc de cet arbrisseau ne s’élève pas ; ses rameaux sont courts & non sarmenteux. Il fleurit pendant l’automne & même dans la serre, si on a soin de lui donner de l’air. On le greffe en fente sur le jasmin commun. Un auteur dit que ce jasmin greffé est moins délicat que celui qu’on élève de graines : sans doute des graines apportées du Malabar, d’où il est originaire ; car il est on ne peut plus rare de le voir grainer, même dans nos provinces méridionales. Les habitans de Nice & des bords de la rivière de Gènes, font un commerce de ces arbustes ; ils nous les apportent tous greffés : la tige & le tronc sont couverts de mousse, qu’ils ont le soin de tenir fraîche. La première chose à examiner en les achetant, est de voir si la greffe est verte ;