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hémorroïdal est très-utile dans cette maladie, si elle est produite par la suppression des hémorroïdes. Le meilleur moyen pour le provoquer, est l’application des sangsues à l’anus. On soutient pendant ce temps-là les forces du malade. Le remède le plus sûr pour remplir cette dernière indication est le camphre, qui peut aussi soutenir le mode inflammatoire. On doit faire couper les cheveux de la tête pour favoriser l’évaporation des humidités superflues., On doit faire de fréquentes lotions sur la tête & la face ; elles procurent, en relâchant une évaporation à laquelle succède une espèce de froid qui est avantageux. Cette pratique est très-salutaire dans la frénésie chronique, qui dépend d’une sécheresse du sang.

Dans la vue d’abattre l’inflammation, on peut appliquer des fomentations émollientes, des épithèmes rafraîchissans, comme le vinaigre, le nitre ; les animaux récemment éventrés, comme les pigeons, les chats & chiens. Willis dit qu’il ne put guérir une fille frénétique, qu’en la plongeant dans la rivière. La nature peut être déterminée, par la plus légère cause, à procurer la solution de la frénésie, ou un changement en mieux.

On fait prendre intérieurement les tisanes nitrées ; l’eau de poulet, celle de veau, celle de laitue, la décoction de tamarins, les sirops rafraîchissans, noyés dans suffisante quantité d’eau.

Les autres indications curatives se réduisent à diminuer le volume du sang qui engorge les vaisseaux du cerveau, & à ralentir son cours impétueux.

Sous ce point de vue, la saignée sera le moyen le plus approprié ; on peut commencer par celle du bras, & ensuite par celle du pied ; & si elles sont insuffisantes, on les pratique dans les endroits qui avoisinent le cerveau & la tête ; on ouvre pour lors les veines jugulaires, & même on en vient à l’artériotomie : des médecins célèbres ont fait ouvrir en même temps la veine préparate, & celle du bras ou du pied, avec quelque succès. Mais en général cette pratique est pernicieuse, en ce qu’elle produit des syncopes desquelles il peut résulter beaucoup de mal, & qui sont très-funestes dans la frénésie idiopathique. Les pédiluves, les synapismes à la plante des pieds sont de puissans révulsifs de la fluxion à la tête.

Il faut donner peu de nourriture au malade dans le commencement de la frénésie ; les alimens doivent être proportionnés au besoin qu’il peut en avoir.

Il faut encore qu’il jouisse du plus grand repos ; la chambre doit être éloignée de la rue, si cela est possible, pour ne pas entendre le moindre bruit, & sur-tout celui des voitures & charrettes, dont la commotion peut beaucoup nuire ; toute compagnie doit lui être interdite, ainsi que tout objet qui pourroit trop affecter son imagination.

L’obscurité favorise le sommeil, & porte le calme dans son esprit trop tendu ; il faut donc éviter qu’il voie le trop grand jour.

Il faut encore le calmer d’un autre côté, en ne le contrariant en rien, en se prêtant à ses goûts, à ses fantaisies, quelquefois bizarres. On a