Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/780

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

arrêteroit infailliblement le cours de la vie en suspendant celui des liqueurs.

Deux causes, les unes externes & les autres internes, luttent à chaque instant contre la chaleur vitale, & tendent, à la détruire & à produire ce que nous nommerons ici le froid animal.

§. I. Causes externes du froid animal. La principale cause externe, celle à laquelle se rapportent toutes les autres, est le froid de l’atmosphère. Quoique le froid soit relatif, nous regardons comme son premier degré, celui de la température des caves au dixième degré de Réaumur, où l’eau est également éloignée d’être convertie en glace & de devenir tiède, & nous supposerons que tous les degrés au-dessous sont degrés de froid. Tant que la chaleur de l’atmosphère n’est pas diminuée jusqu’à ce degré moyen, quoique moins considérable que celle du corps humain en état de santé, si elle vient à baisser insensiblement jusqu’à ce degré, on ne s’en apperçoit pas beaucoup & l’on n’en est pas beaucoup affecté, parce que la chaleur vitale n’éprouve presqu’aucun changement. Il faut une différence plus marquée pour que nous nous en apercevions, parce que, comme nous le verrons plus bas, la chaleur intérieure augmente en proportion que l’extérieure diminue, & cette augmentation se fait en raison de celle du resserrement que le froid cause à la surface du corps.

L’application de l’eau ou de tout autre corps qui est moins chaud que notre propre corps, produit nécessairement en nous des sensations qui affectent plus ou moins l’économie animale ; ces sensations sont des constrictions, des resserremens, non-seulement dans les vaisseaux de la partie ainsi affectée, & même de toute l’étendue de la peau ; mais encore dans l’intérieur, dans les viscères d’où peuvent naître les mêmes vices qui sont les suites des impressions immédiates du froid.

§. II. Causes internes du froid animal. Nous avons vu au mot chaleur, que la circulation du sang, le mouvement du cœur, le développement du phlogistique que le sang contient, étoient les causes productrices de la chaleur animale : tout ce qui pourra s’opposer à ses effets, occasionnera le froid animal. Ainsi les obstacles à l’action du cœur & des vaisseaux sanguins, la circulation du sang ralentie par son épaississement, la rareté du phlogistique, la trop grande consistance des humeurs qui s’opposent à leur cours, leur volume trop diminué par de grandes évacuations, les hémorragies, surtout, qui laissent échapper trop considérablement la partie rouge du sang, & le nombre de ses globules, tout ce qui empêche la distribution exacte du fluide nerveux, & en conséquence le mouvement des organes vitaux, même de ceux qui sont soumis à la volonté, comme dans les parties paralysées qui sont toujours froides ; enfin, tout ce qui peut diminuer ou suspendre l’agitation & le frottement de la partie élastique de nos humeurs entr’elles & contre les vaisseaux qui les contiennent, telles sont les causes internes principales du froid que nous éprouvons & qui est toujours un premier degré de maladie.

Ces différentes causes internes sont