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tement, & on peut être tranquille pour l’avenir ; seulement l’oignon est diminué de grosseur, mais il redevient vigoureux dans la terre.

6°. On doit être également soigneux d’ôter un moisi vert qui se forme à la surface de l’oignon, & qui ordinairement devient dangereux quand l’oignon n’a pas été aoûté, puis gardé bien sèchement.

Si ces divers accidens font périr beaucoup de jacinthes, on trouve de grandes ressources dans la multitude de cayeux que cette plante fournit. Sa faculté reproductive est même si féconde, qu’il naît des cayeux au bord de toutes les plaies qui arrivent aux tuniques de l’oignon, soit par l’effort de la sève abondante qui les divise, soit par les incisions que l’on peut y faire.

Cette observation a suggéré un moyen de multiplier abondamment certaines espèces indolentes qui ne sont pas disposées à produire des cayeux. Un peu avant le temps de lever les oignons, on tire de terre celui que l’on veut exciter à la génération ; & l’ayant fendu en croix depuis le bas jusque vers le tiers de sa hauteur, on le remet en terre, en ne le couvrant que de l’épaisseur d’un pouce. Quatre semaines après on l’aoûte, on le retire, & on le fait sécher comme les autres, puis on le replante en même temps qu’eux. Il ne donne plus de fleurs, mais l’année suivante il produit quelquefois jusqu’à dix cayeux, lesquels sont en état de bien faire au bout de deux ans.

On peut diviser l’oignon en un plus grand nombre de parties, au moyen d’incisions qui, de divers points de la circonférence, en prenant au-dessus de la couronne de racines, pénètrent jusqu’au cœur ces incisions doivent même être de biais, en montant & en tournant, de sorte que la partie inférieure de l’oignon & son cœur se détachent en un morceau. Si l’opération est bien faite, ce morceau peut ensuite former un nouvel oignon, & la partie supérieure, consistant en un cercle de plusieurs tuniques assemblées, donne quelquefois naissance à vingt ou trente cayeux, mais cette dernière division n’est pas sans danger pour le chef.

Quoique je ne fois pas fleurimane, je vais proposer un moyen bien simple de multiplier les oignons, soit qu’ils soient composés d’écailles placées en recouvrement les unes sur les autres, comme celles du lys, &c. ou par des tuniques contiguës, comme dans les oignons ordinaires, ceux des jacinthes, &c : c’est de les diviser en croix du haut en bas, de séparer chaque morceau des tuniques, de les laisser pendant quelques jours à l’ombre, dans un lieu sec & aéré, enfin jusqu’à ce que le bord de chaque morceau soit desséché & cicatrisé ; alors on met en terre ces morceaux, & chacun produit dans la suite un oignon.


JACOBÉE ou HERBE DE SAINT JACQUES. (Voyez Planche I„ tome VI). Tournefort la classe dans la première section de la quatorzième classe destinée aux herbes à fleur en rayons, & à semences aigrettées, & il l’appelle : Jacobœa vulgaris laciniata ; von-Linné la nomme Senecio jacobœa, & la classe dans la syngénésie poligamie superflue.

Fleur. Le disque est composé d’un