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indique qu’il est prêt de périr. Lorsque ce vice attaque d’abord la couronne, il gagne tout l’intérieur sans qu’on s’en aperçoive, & il se déclare au dehors quand il n’y a plus de remède. Si au contraire il commence par la pointe, on en arrête le progrès en coupant en dessous, jusqu’à ce qu’on ne découvre plus aucune marque de la contagion ; l’oignon réduit même à moitié, se répare ensuite, & si on l’expose au soleil derrière un verre, aussitôt après l’opération, la partie se sèche, & cicatrise promptement.

Ce mal étant contagieux, il faut jeter tous les oignons qui en sont infectés sans espérance de remède, tout ce qui en proviendroit auroit le même vice ; il faut donc visiter chaque oignon avant de le planter, & enlever avec un couteau tous les endroits suspects ; si le dessous est blanc on n’a rien à craindre. Les autres préservatifs sont de ne pas planter des oignons auprès de ceux qui ont le mal, ne point se servir de terre qui ait nourri des jacinthes plusieurs fois de suite, & coup sur coup ; ne pas mettre ces plantes dans un endroit ou l’eau séjourne pendant l’hiver, n’y employer aucun fumier de cheval, ni de brebis ni de cochon, à moins qu’il ne soit absolument consommé.

2°. La seconde maladie presque toujours mortelle, est un gluant infect qui, corrompant d’abord l’extérieur de l’oignon, en pénètre ensuite toute la substance. Quand le mal est à ce point, la plante périt nécessairement ; l’oignon contracte cette viscosité dans la terre, surtout quand il n’est pas à une certaine profondeur, & que la terre est trop humide ; il en est bien susceptible quand on l’a fait aoûter en terre, ainsi qu’on l’a indiqué ci-dessus, après l’avoir levé. On prétend que c’est un insecte qui est la cause du mal, & que, pour y remédier, on doit mettre ces oignons tremper dans l’eau distillée du tabac, ou dans une forte décoction de tanaisie, on les y laisse environ une heure, & on les met ensuite sécher dans un lieu bien aéré, mais à l’ombre.

3°. Lorsqu’on voit au printemps la pousse nouvelle sortie de terre s’affoiblir & se sécher, on peut conjecturer que les racines ont été endommagées, soit par la gelée, soit par quel qu’autre accident ; on y remédie en levant l’oignon pour nettoyer les racines & en retrancher les endroits malades, puis couper toute la pousse, après quoi on remet l’oignon en terre, de sorte qu’il ne soit couvert que très-légèrement ; il s’y sèche, & peut l’année suivante donner des cayeux qui réussiront bien.

4°. On ne doit pas regarder comme une maladie de cette plante l’avortement de sa fleur prête à se former ; cet accident est presque toujours l’effet de la pression que souffre la plante dans la terre gelée, & il attaque moins les oignons plantés au mois de novembre, que ceux que l’on a mis plutôt en terre.

5°. À la surface de l’oignon qui est hors de terre, il se trouve quelquefois des peaux mal saines qui le rongent pendant tout le temps qu’il reste à l’air. Avant que les peaux gâtent les racines, il faut les couper, & si on néglige de le faire, elles y portent la mort. Quand la cause du mal est ôtée, la plaie se sèche promp-