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garder inutilement celles qui paroissent ne pas promettre jusqu’à un certain point.

En Hollande, on regarde les mois d’octobre & novembre comme la vraie saison de planter les jacinthes ; il est également dangereux de le faire ou plutôt ou plus tard. En devançant, on donne lieu aux fleurs de paroître dans un temps où la gelée les fait périr. Si l’on tarde trop, les tiges & les fleurs ne viennent qu’imparfaitement ; d’ailleurs, ceux qui ne plantent les jacinthes qu’au mois de décembre, ont ensuite le désagrément de voir presque toujours les oignons s’épuiser en racines. En France, dans nombre d’endroits, on les met en terre dans les mois d’août & de septembre ; les petits cayeux se mettent en pépinière, à un ou deux pouces de distance, sous un pouce seulement de terre.

Les fleuristes varient entr’eux sur la profondeur où ils enterrent les oignons ; l’usage ordinaire est de quatre à cinq pouces, observant d’enfoncer davantage quelques espèces hâtives, & moins quelques espèces tardives, afin que les unes & les autres fleurissent en même temps. L’oignon enterré à plus de cinq pouces, ne produit communément qu’une tige maigre, & des fleurs qui ne sont pas bien pleines ; moins on l’éloigne de la superficie, plus il produit ; ensorte qu’au lieu de donner des fleurs pendant quatre, cinq, six ans, il se trouve épuisé dès la deuxième ou troisième année.

On plante les oignons à un demi-pied de distance, & au bout de trois ans on les lève ; d’autres les lèvent chaque année.

Entre les oignons qui acquièrent une bonne grosseur, ceux qui pèsent depuis une jusqu’à une once & demie, sont en état de fleurir parfaitement ; deux onces & demie annoncent une vigueur extraordinaire & de longue durée. On voit de tels oignons fleurir quelquefois treize ans de suite avant de commencer à s’épuiser en cayeux.

La jacinthe est moins susceptible des effets de la gelée que la renoncule & l’anémone, mais plus que la tulipe & l’oreille d’ours ; on prévient les fortes gelées en couvrant la terre avec deux ou quatre pouces de tan, ou de feuilles d’arbre que l’on a soin de retirer dès que les gelées sont finies, & mises en réserve dans les crainte d’un nouveau froid.

M. Van-Zompel assure qu’un froid qui ne se fait sentir que jusqu’à deux pouces dans la terre, n’est pas contraire à cette plante, & que ce n’est même pas un mal de laisser la caisse découverte au milieu de l’hiver, si l’on est probablement sûr qu’il ne viendra pas de grandes gelées. Il ajoute que les volets, les châssis vitrés, rendroient un mauvais service si on les laissoit dans le temps de la rosée, qu’il regarde comme très favorable aux fleurs de jacinthe ; c’est pourquoi, durant le printemps, on ne les fermera le soir que très-tard, & on les ouvrira le matin d’aussi bonne heure qu’il sera possible.

Comme la tige de la jacinthe est succulente, elle ne résiste pas aux grands vents ; entre les moyens imaginés pour l’assurer contre leur violence, un des meilleurs est d’avoir une baguette souple, bien droite, bien unie, grosse comme le tuyau