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5. Le frêne de la nouvelle Angleterre… Fraxinus americana. Linn. Ses feuilles sont très-entières, leurs pétioles cylindriques, & l’arbre s’élève de quinze à vingt pieds.

6. Le frêne de la Caroline. M. von-Linné le confond avec le précédent ; il en diffère cependant un peu par ses folioles en forme de lance, finement dentelées, leurs pétioles velus, & son fruit beaucoup plus large. M. Miller le désigne par cette phrase : Fraxinus foliis lanceolatis, minimè ferratis, petiolis teretibus, pubescentibus.

7. Le frêne nain ou noir d’Amérique. Ses folioles sont plus larges que celles des autres frênes, éloignées entr’elles, pointues aux deux extrémités ; celle qui termine est plus large que les autres.

8. Le frêne à très-large folioles, terminées par le bout en pointes inclinées. Je n’ai jamais vu ces deux dernières espèces de frêne, ainsi je ne puis rien en dire de plus, & encore moins décider si on doit les regarder comme des variétés.

III. Culture. Les frênes se multiplient par le semis. Tous les auteurs conseillent de recueillir la graine après les premières gelées d’automne, & de faire aussitôt un lit de graine & un lit de terre ; sans quoi, disent-ils, si on l’a tenue dans un lieu sec, & qu’on la sème au mois de mars suivant, elle ne lèvera qu’un ou deux ans après. Leur conseil peut être très-bon ; mais voici ce qui m’est arrivé. J’ai cueilli des graines dès que la membrane qui les enveloppe est devenue noire, au commencement & vers le milieu d’octobre ; elles ont été tenues dans un lieu très-sec, & semées à la fin de février ; elles sont parfaitement sorties. Pendant deux années de suite l’opération a été répétée avec le même succès ; cette réussite dépendroit-elle de la chaleur de la province que j’habite aujourd’hui ? Certainement le sol n’y contribue pour rien, puisque j’ai semé dans des terrains caillouteux & maigres, dans de bons fonds, &c. Dans incertitude si l’expérience réussiroit ailleurs, on ne risque rien de stratifier la graine, de la manière qu’on le conseille ; je crois même qu’on peut la semer aussitôt qu’elle est mûre, c’est imiter la marche de la nature, & on ne doit pas craindre que, confiée à la terre, elle soit dévorés par les taupes, les souris, les mulots, ou par les insectes ; son odeur forte les en éloigne. J’en ai la preuve la plus complette, ou du moins je sais très-positivement qu’elle n’est pas attaquée en terre.

Il est très-important de former des pépinières de frênes, sur-tout dans les provinces ou le chêne blanc réussit peu, & qui sont dépourvues de bois. Cet arbre prospère sur les lisières des champs, sur les croupes des vallons, dans les terrains secs, & très-bien dans ceux qui ont du fond, qui sont humides, &c. On verra bientôt de quelle utilité il peut être.

Les jeunes frênes qu’on achète chez les marchands d’arbres, réussissent rarement dans la transplantation, parce que le semis est fait sur un sol trop substantiel, trop chargé d’engrais, & trop travaillé. Ce n’est pas ainsi que doit être élevé un arbre destiné à être par la suite transplanté dans toute sorte de sol ; ce plant trop délicat se ressentira