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pour la consommation de la métairie, ou pour vendre.

Ce qui a donné lieu aux jachères, est la trop grande étendue des possessions & le peu de moyens des propriétaires. Si on jette un coup d’œil sur le champ d’un petit particulier, on verra qu’il est parfaitement bien travaillé, fumé, &c., parce que le champ n’est pas au-delà de ses forces, & sur-tout, parce que le besoin l’oblige à le semer chaque année d’un grain ou d’un autre, attendu que c’est sa seule ressource.

Tout devient extrême pour l’homme qui adopte un système ; il se laisse entraîner malgré lui à son imagination, il adopte comme des réalités, les chimères qu’elle lui présente. Des écrivains ont voulu tout à coup convertir les champs du royaume, moitié en grains, moitié en prairies artificielles : ils ont eu raison jusqu’à un certain point. Il seroit à désirer que les choses fussent ainsi. Peuvent elles l’être ? je ne le crois pas. Le climat, l’exposition, la nature du sol, &c., y mettent obstacle dès qu’on veut trop généraliser. C’est au propriétaire à examiner si les pâturages d’hiver ne sont pas suffisans ; si l’esparcette qui doit occuper la terre pendant deux ou trois années, rendra autant que deux récoltes ou en blé ou en seigle, dans le cas que les pâturages soient abondans dans le canton ; &c. ; en un mot, il y a mille & mille modifications locales, qui doivent entrer en considération. Malgré cela, je ne cesserai de répéter : Multipliez l’herbe comme herbe pure & simple, non pas pour la récolter lorsque les circonstances s’y opposent, mais pour la détruire pour engraisser la terre en formant ce précieux humus, d’où dépend toute la végétation. Cependant, si les circonstances locales permettent de récolter, ce seroit la plus grande de toutes les absurdités & le comble de l’entêtement, de rejeter un bénéfice aussi certain. Je conclus qu’alterner autant & de la manière qu’on le peut, est la plus sûre & la mieux démontrée des méthodes avantageuses de l’agriculture, & que, loin d’appauvrir & d’épuiser la terre, on l’enrichit.


JACINTHE ou HYACINTHE. Tournefort la place dans la première section de la neuvième classe, qui comprend les herbes à fleurs en lys d’une seule pièce, divisée en six parties, dont le pistil devient le fruit, & il l’appelle hyacynthus. Von-Linné lui conserve la même dénomination, & la classe dans l’hexandrie monogynie. Celui-ci ne fait qu’un genre des muscari & des jacinthes, & celui-là les sépare en deux genres.


Section Première.

Caractère du Genre.


Fleur en forme d’entonnoir, d’une seule pièce, divisée en six à son extrémité ; cette cloche est alongée dans les jacinthes, presque ronde, & resserrée sur ses bords dans les muscari ; les étamines, au nombre de six, & ne dépassent pas la partie supérieure qui déborde l’espèce de tube.

Fruit ; à la fleur succède une capsule à trois côtés, à trois loges, à trois valvules, au milieu desquelles est une espèce de colonne qui les sépare. Chaque loge renferme le